« La contamination initiale liée à l’accident a fortement décru. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a plus, loin s’en faut. Aujourd’hui, et pour de nombreuses années, nous sommes dans un état de contamination chronique et pérenne de l’environnement », déclare Didier Champion, directeur de la crise à l’IRSN. « Il y a des risques d’exposition chronique, à des faibles doses, certes, mais qui peuvent s’accumuler au cours du temps si l’on n’y prend garde », ajoute-t-il. Dès la fin du mois de juin 2011, les autorités sanitaires ont mis en place des études épidémiologiques afin d’évaluer l’état de santé des personnes qui ont été exposées aux rejets radioactifs. Au 31 décembre 2011, les bilans thyroïdiens avaient été réalisés pour 14 442 enfants exposés. « Parmi les 3 765 enfants examinés par l’Université médicale de Fukushima, l’échographie thyroïdienne s’est révélée normale pour 69,9 % d’entre eux. » Pour les autres, « au moins un kyste liquidien subnormal (diamètre inférieur à 5 mm) considéré comme subnormal a été mis en évidence chez 28,8 % des enfants ; 1,5 % des enfants présentent au moins un nodule là encore considéré comme subnormal (diamètre inférieur à 5 mm) ; au moins un nodule de diamètre supérieur à 5 mm a été diagnostiqué chez 0,7 % des enfants examinés sans pour autant qu’il soit nécessaire de mettre en œuvre des examens complémentaires selon l’avis des médecins », souligne l’IRSN.
Selon une modélisation de l’institut, « des doses dépassant 50 mSV auraient pu être reçues jusqu’à une soixantaine de kilomètres au sud de la centrale (Iwaki) », chez des enfants exposés sans protection au panache jusqu’au 26 mars 2011, indique Jean-René Jourdain, adjoint à la directrice de la protection de l’homme à l’IRSN. Et « des doses corps entier dépassant 10 mSv auraient pu être reçues jusqu’à une quarantaine de kilomètres au sud de la centrale » chez ces enfants, ajoute-t-il. Des questionnaires ont par ailleurs été envoyés aux personnes se trouvant dans des villes de Namie, Litate et Kawamata (située entre 20 et 40 km de la centrale) au moment des rejets radioactifs. Sur la base de 14 550 questionnaires renseignés, les doses externes reçues ont été calculées à l’aide d’un logiciel pour 1 589 personnes originaires de l’une de ces trois villes. « Pour 62,1 % d’entre elles, la dose externe calculée est inférieure à 1 mSv », la dose maximale calculée étant de 14,5 mSv pour une personne, rapporte l’IRSN.
Six travailleurs décédés.
Un an après l’accident, l’institut a évalué pour les populations se trouvant en dehors de zones évacuées des doses dues à l’irradiation externe par le dépôt, inférieures à 100 mSv. Cette modélisation ne tient pas compte des doses dues à l’ingestion d’aliments contaminés. Et « il n’existe pas à ce jour d’informations disponibles quant à l’avancement des études programmées pour les femmes enceintes et les personnes évacuées », relève l’IRSN.
S’agissant des travailleurs impliqués dans les opérations menées à la centrale de Fukushima Dai-Chi, les seules informations disponibles demeurent celles fournies par la société TEPCO qui publie un bilan mensuel depuis le mois d’avril 2011. Un dernier bilan en date du 31 janvier 2012 porte sur 3 368 salariés de TEPCO et 16 226 salariés des sociétés sous-traitantes. « La dose moyenne reçue entre le 11 mars et le 31 décembre 2011 par ces travailleurs est de 23,53 mSv pour les salariés de TEPCO et de 9,06 mSv pour les salariés des sociétés sous-contractantes », et six travailleurs – tous employés de TEPCO – ont à ce jour reçu une dose supérieure à 250 mSv, note l’IRSN qui insiste sur le « peu d’informations précises quant à la méthodologie mise en œuvre pour évaluer les doses reçues par les travailleurs », en particulier « ceux qui ne portaient pas de dosimètres dans les premiers jours qui ont suivi l’accident ». D’après les informations fournies par les autorités japonaises, aucun effet sanitaire attribuable à une exposition aux rayonnements ionisants n’aurait été observé à ce jour chez ces travailleurs. Bien que six décès aient été enregistrés parmi ces derniers, aucun ne serait attribuable à une exposition aux rayonnements ionisants, toujours selon les autorités japonaises. Deux travailleurs sont décédés des « conséquences directes du tsunami et du tremblement de terre », deux autres d’un arrêt cardiaque, un travailleur d’une leucémie aiguë et un autre d’un choc septique.
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