RIEN DE CE QUI se passe en Côte d’Ivoire n’est vraiment surprenant. Ce n’en est pas moins consternant. Il ne s’agit pas d’un syndrome spécifiquement africain. Les précédents abondent d’élections qui n’ont été organisées dans divers pays troublés que dans la perspective d’une renconduction d’un pouvoir autoritaire et muni de tous les moyens nécessaires au contrôle du scrutin. Cela s’est passé au début des années quatre-vingt dix en Algérie où une consultation électorale a permis le triomphe des islamistes et a déclenché, à la suite du refus du FLN de se conformer au résultat, à une guere civile qui a ravagé le pays ; cela s’est passé en Birmanie quand la junte militaire a perdu des élections de 1990 sans pour autant quitter le pouvoir et n’a organisé celles de cette année qu’avec la certitude de l’emporter ; cela s’est même passé en Palestine où George W. Bush exigeait des élections démocratiques qui se sont traduites par le triomphe du Hamas, lequel a conquis Gaza tandis que le Fatah s’emparait de la Cisjordanie.
Un Conseil composé d’amis du président.
L’ONU réclamait des élections libres en Côte d’Ivoire depuis des années. Elles ont eu lieu. C’est un exploit dans la mesure où pratiquement tous les électeurs préjugeaient du résultat et menaçaient de se révolter s’ils n’obtenaient pas satisfaction, qu’il s’agisse des partisans de Laurent Gbagbo ou de ceux de Henri Konan Bédié (les seuls à jouer le jeu puisque, au deuxième tour, ils ont largement reporté leurs suffrages sur Alassane Ouattara) ou de ceux de M. Ouattara.
GBAGBO N’A CONSENTI À TENIR DES ÉLECTIONS QUE POUR LES GAGNER
Une commission électorale, censée annoncer les résultats mardi dernier à 0 heure, a déclaré M. Ouattara vainqueur après des comptages minutieux et une longue réflexion, sans doute sur les conséquences de sa décision. Maintenant, M. Gbagbo mise sur le Conseil constitutionnel ivoirien, doté du pouvoir suprême de nommer le gagnant, mais malheureusement composé d’amis du président en place. Si les magistrats rejettent la décision prise par la Commission électorale, les partisans de M. Ouattara risquent de se déchaîner, en dépit des appels au calme lancés par leur leader.
Comme en Birmanie, le choix le plus dangereux en Côte d’Ivoire, c’est la continuité avec Laurent Gbagbo, qui a eu largement le temps de démontrer son illégitimité, sa brutalité et son mépris des urnes. Comme en Birmanie, il y a en Côte d’Ivoire une opposition modérée, compétente, capable de diriger le pays mieux que lui. M. Ouattara n’a pas l’immense aura de Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, mais cet ancien expert du Fonds monétaire international vaut mieux qu’un homme qui s’appuie sur la force pour nier à ses concitoyens leurs droits démocratiques. Depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993, la Côte d’Ivoire, considérée, grâce à son développement économique et son plébiscite du président, comme une Suisse de l’Afrique, n’a cessé de décliner. Les divisions tribales sont réapparues. La crise des matières premières au début de la décennie a donné un coup d’arrêt à l’expansion économique. De graves émeutes ont mis en danger les Français de Côte d’Ivoire et Laurent Gbagbo na cessé de surfer sur la vague de violence, laissant même ses avions bombarder une position française censée séparer les combattants de M. Gbagbo et les dissidents du Nord. C’est assez dire que M. Gbagbo est un dictateur en herbe, prêt à utiliser tous les subterfuges pour se maintenir au pouvoir et qu’il n’est pas la tasse de thé de la diplomatie française. Au delà de ces manœuvres politiques, il y a le sort d’un peuple qui méritait mieux que la paupérisation scandaleuse à laquelle le soumet le cynisme du président.
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