L’EX-MINISTRE des Affaires étrangères s’est accrochée à son emploi au delà du délai de péremption. Elle s’est sentie victiome d’une injustice et même d’une cabale, pour reprendre son propre terme, ce qui n’est pas complètement faux mais occulte le fait accablant qu’elle n’était plus en mesure d’exercer ses fonctions, notamment au Proche-Orient, avec la crédibilité requise. M. Sarkozy se serait bien passé d’un remaniement gouvernemental, accueilli diversement, et qui plonge l’exécutif dans le ridicule dès lors qu’il a lieu moins de quatre mois après celui du 16 novembre. Le président de la République n’avait pourtant pas le choix. La tête de MAM était exigée autant par son électorat et les élus UMP que par l’opposition.
La consécration du chiraquisme.
Le chef de l’État en a profité pour faire un ménage plus complet en retirant Brice Hortefeux du ministère de l’Intérieur et en nommant Alain Juppé au Quai d’Orsay, Claude Guéant à l’Intérieur et Gérard Longuet à la Défense. On dit certes qu’il a mis en place des hommes expérimentés et que ce remaniement est le bon. Mais c’est exactement ce que l’on disait du précédent. Le président est habile qui a mis ces soudains changements au compte d’une crise dans le monde arabe dont l’ampleur est exceptionnelle. Il n’empêche que cette explication ne résiste guère à l’analyse : MAM et M. Hortefeux, qui a des ennuis avec la justice pour des propos intolérants qu’il a prononcés, étaient devenus des boulets. En outre, la politique sécuritaire de l’ex-ministre de l’Intérieur n’a pas été efficace. On devine aussi que les deux grandes propositions formulées dans le bref de discours télévisé de dimanche dernier, l’aide aux pays arabes en crise et le contrôle, par les Européens, des flux migratoires, ont été suggérés par Dominique de Villepin lors de l’entretien qu’il a eu avec le président la semaine dernière. Le remaniement de novembre et la nomination de Jean-François Copé à la tête de l’UMP concrétisaient le retour du chiraquisme et des chiraquiens ; celui de février le consacre et confirme l’abandon de l’ouverture, de la rupture et d’une série d’audaces politiques qui, mal expliquées, ont été mal comprises. La droite va aborder les échéances électorales en s’appuyant sur son pré-carré, en surenchérissant sur l’émigration et la sécurité, en gérant la dette et les déficits par les méthodes les plus classiques. Il ne reste pas grand-chose de sarkozysme, sinon le caractère, toujours imprévisible, du personnage.
Marine Le Pen recueillant près de 20 % des voix dans les sondages, et ces voix ne semblant guère se reporter sur M. Sarkozy au second tour, le président cherche désespérément à ravir des suffrages au Front national dès le premier tour. Ce qui l’a conduit, après le fiasco du débat sur l’identité nationale à en inventer un autre sur l’islam. C’est un domaine où il devient impératif d’agir et de ne plus parler. On a assisté à des dérives racistes lors du précédent débat, on les retrouvera dans celui que l’on prépare. On ne voit pas, par exemple, comment le problème des prières de masse dans la rue peut être réglé si on ne construit pas les mosquées auxquelles les musulmans ont droit mais que la loi de 1905 sur la laïcité ne permet pas de financer.
UN GOUVERNEMENT NÉ DE LA CRISE ARABE ? PERSONNE N’EST DUPE
Or la recherche d’un financement grâce à la création de fondations ad hoc demande un temps beaucoup plus long que le temps électoral. De plus, le risque est grand, une fois de plus, d’indisposer et même d’indigner les populations et les nouveaux gouvernements de Tunisie et d’Égypte. Comme nous l’avons déjà signalé, la recette qui consiste à arracher au Front national les voix des électeurs les plus hostiles à l’immigration a déjà été utilisée en 2007. Cette fois, le Front ne se laissera pas faire, et ses électeurs non plus. En même temps, la satisfaction des aspirations les plus excessives, celles que nourrit la crise économique et sociale, éloignera un nombre élevé d’électeurs centristes.
Il est beaucoup trop tard pour relancer le débat sur l’immigration, surtout quand on a raté le précédent, quand on a vu à quelles dérives celui-ci pouvait conduire, quand on sait que plus la question des flux migratoires devient grave, plus elle inspire l’anathème. Il est d’autant plus dangereux de mimer le Front national qu’à l’imiter on finira par lui ressembler comme un frère jumeau. Et qu’alors on désespérera les centristes et peut-être même ceux de l’UMP qui ne veulent pas perdre leur âme dans cette affaire.
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