Le port obligatoire des casques dans la pratique du vélo est proposé périodiquement par des structures politiques, des associations sensibles à la gravité des séquelles produites par les traumatismes crâniens et par des personnels médicaux qui ont été confrontés à des désastres qui ne se limitent pas à la mort. Une séquelle grave produite par un traumatisme crânien peut détruire la qualité de vie d’une famille. Il faut intégrer ce problème majeur dans l’intérêt de l’usage du casque.
Une question de droits de l'Homme
L’acceptation d’un risque est une notion importante et banale qui est d’actualité. Une fraction de citoyens refuse une vaccination qui est crainte ou méprisée. Les deux motivations sont différentes, mais leur comportement exprime leur asocialité en contribuant à développer le virus et à mettre en difficulté le fonctionnement du système de santé. Une notion fondamentale des droits de l’Homme n’est pas respectée.
Où situer le refus d’avoir un casque quand on circule sur un vélo ? Faut-il situer le risque dans le domaine de la liberté individuelle de prendre un risque ? L’absence de casque ne met pas les autres usagers en danger ? Il faut donc classer la décision dans le domaine des risques personnels qui ont des coûts au niveau social, comme la ceinture de sécurité ou les dispositifs de retenue des enfants.
L'accidentalité en progression constante
Le nombre d’accidents sur les vélos s’accroît ; 162 tués en 2009 et 197 en 2019. Ce nombre va poursuivre sa croissance pour contribuer à la réduction de l’émission des gaz à effet de serre. L’adaptation des infrastructures routières en France est de mauvaise qualité ; sur les routes, comme en agglomération. Strasbourg, Nantes, Grenoble, Bordeaux sont des exceptions. Paris fait des progrès mais avec des défaillances majeures, de continuité des voies et l’absence de respect des livreurs à l’arrêt.
Améliorer la qualité des pistes cyclables est une urgence majeure. Le nombre de blessures de cyclistes en France est élevé : 5 060 en 2009. Il convient d’être très prudent quand on exploite des résultats qui ne dissocient pas les différents facteurs qui vont contribuer au nombre d’accidents et à leur gravité. La vitesse de circulation, les activités sportives en groupes, le comportement des livreurs, les parcours quotidiens familiers, ne créent pas les mêmes niveaux de risque. Il est donc possible d’observer des activités avec casques qui produiront des dommages plus importants que d’autres sans casques, par exemple dans des courses ou des entraînements à la course.
Un effet protecteur reconnu
Les traumatismes du crâne ne sont pas les plus fréquents mais, quand ils surviennent, la réduction de la gravité produite par le casque est reconnue. Elle rejoint les constatations faites par des études expérimentales. C’est à mes yeux l’argument le plus important dans le débat sur l’intérêt de l’usage des casques.
Quelle est la situation au niveau mondial ? L'Australie, La Nouvelle-Zélande et cinq provinces du Canada ont rendu obligatoire le port du casque. L’obligation pour les jeunes cyclistes existe au-dessous de 12 ans en France. Huit autres pays européens ont cette obligation entre 15 et 18 ans.
Quel est mon avis sur ce problème ? Quand j’ai commencé à travailler à l’hôpital de Garches en 1970, un groupe de médecins et d’ingénieurs ont associé leurs connaissances pour réduire l’accidentalité. La production et l’amélioration des casques de vélos ont fait partie de nos objectifs. Nous avons pu développer des allègements et des accroissements de la sécurité, avec la collaboration de chercheurs américains qui avaient de très bonnes connaissances dans ce domaine.
100 000 kilomètres avec ma femme (chacun) ont fait partie de nos vacances, à Venise, à Stockholm, ou dans des circuits en France. Nous avons développé une habitude d’usage constant d’un casque, avec la chance de pouvoir en tester un grand nombre, mettant en évidence les progrès concernant le poids, le confort, l’esthétique, la qualité de l’attache, l’aération, qui nous rendait son absence impossible. 20 ans après ma retraite, je suis allé encore dernièrement faire un cours sur les traumas crâniens et leur protection, à la demande d’un de mes collègues de Garches, qui estiment que ces connaissances sont importantes et convaincantes.
Exergue : Ayant parcouru 100 000 kilomètres avec ma femme (chacun), nous avons développé une habitude d’usage constant du casque avec la chance d'en évaluer les progrès
Exergue 2 : Vaccins, ceinture, casque : la prise de risque a beau être personnelle, elle induit un coût au niveau social
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