Quel est l’impact psychologique des nuisances sonores subies ?
Ariane Bilheran. L’impact psychologique du bruit, d’une nuisance sonore dépend de son caractère intrusif et de notre souhait de l’entendre ou non. Lorsque ce bruit est subi, la question est de savoir s’il pénètre dans l’espace intime. Car si dans la rue, nous sommes préparés à recevoir cette pollution sonore, lorsque le bruit entre dans notre univers protecteur, il nous prive d’un espace de ressourcement indispensable. Le bruit intempestif et excessif, s’il survient de manière réitérée, peut a minima mettre les individus en état de stress, sans les ressources psychologiques nécessaires pour s’en protéger. Une sur-sollicitation sensorielle, en intensité mais aussi en chronicité sans espace pour se ressourcer, rend vulnérable. La sollicitation (sonore ou visuelle) devient alors agressive. Cette vulnérabilité n’est pas constitutive, mais est liée aux sources de stress importantes, comme le bruit au travail ou de voisinage, et ce cumul fragilise le psychisme.
Comment un médecin doit-il aborder le problème de la pollution sonore ?
A. B. En aidant la personne à identifier la raison de ces troubles, à dater leur survenue car souvent les facteurs contributifs s’additionnent à des altercations avec l’entourage, à des pressions professionnelles ou familiales… Les nuisances sonores et leurs conséquences psychologiques surviennent au sein d’un contexte. Il est courant que le patient n’ait même pas identifié le bruit comme cause de ses symptômes, car nous vivons dans un monde d’hypersollicitations sensorielles. Le médecin doit rassurer la personne sur le fait que ce qu’elle vit intérieurement est la conséquence du bruit subi et la sensibiliser sur le fait qu’en parallèle à la prise en charge psychologique, il faut tenter de supprimer la cause du problème.
En proposant un soutien psychologique, par exemple ?
A. B. Déjà la compétence médicale classique de prise en charge de l’anxiété, des troubles du sommeil et autres avec d’éventuelles aides médicamenteuses peut aider le patient à sortir de ce cercle vicieux. Le médecin peut aussi sensibiliser la personne sur les nuisances sonores qu’elle subit au quotidien, se renseigner auprès d’elle sur l’existence d’espace pour se ressourcer au travail, au sein de la famille et repérer les facteurs croisés qui font que la personne n’est plus en mesure de gérer ces bruits. Et même de délivrer des messages préventifs comme se ménager des espaces de repos pour limiter cette vulnérabilité au bruit. Un soutien psychologique peut être présenté comme une aide chez une personne qui consulte de façon réitérée, souffrant d’insomnies, d’épuisement, donnant des signes d’exaspération ou de tristesse, manifestant un profond changement d’humeur… alors même que le bilan clinique est normal.
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