« Les biomarqueurs constituent clairement le sujet du moment, car ils permettent en particulier de savoir qui va répondre à un traitement spécifique » s'enthousiasme le Pr Laurent Nicod, chef du service de pneumologie au centre du cancer de Lausanne, en Suisse.
Comme l'indique l'Afssaps, « dans le domaine médical, un biomarqueur est défini comme une caractéristique mesurable, indicatrice de processus biologiques normaux ou pathologiques, ou de réponses pharmacologiques à une intervention thérapeutique ». Il peut être utilisé pour le dépistage, le diagnostic, l’évaluation de la réponse ou de la tolérance à un traitement.
« Les marqueurs prédictifs permettent d'identifier les patients plus à même de bénéficier (ou non) d'une thérapie en particulier » a souligné le Dr Ling Sound Tsao, de l'hôpital Princess Margaret de Toronto au Canada. En effet, dans une population donnée souffrant de la même pathologie, de nombreux malades seront répondeurs à un traitement de référence. Mais d'autres seront non-répondeurs et ce traitement de référence sera même toxique chez certains d'entre eux.
Déception dans la BPCO
La validation d'un biomarqueur est cependant loin d'être une tâche aisée. Dans la BPCO en particulier, il n'existe pas de biomarqueur validé pour choisir une thérapie pendant la maladie ou au cours des exacerbations.
« Identifier des biomarqueurs fait partie des challenges dans le traitement de cette maladie » a énoncé le Pr Fernando Martinez, du centre de santé universitaire du Michigan, aux États-Unis. Les plus prometteurs actuellement semblent être le questionnaire respiratoire de Saint-George (estimant la qualité de vie liée à la santé), le test de marche pendant 6 minutes (évaluant la capacité d'exercice), ou encore le fibrinogène sanguin périphérique (mesurant l'inflammation systémique).
« Les données sont encore décevantes dans les biomarqueurs de la BPCO. Il y a des pistes, mais pas de marqueur fiable. Nous aurions besoin de trouver un équivalent de la troponine pour le poumon » insiste le Pr Marc Decramer, de l'université de Louvain, en Belgique.
Nombreuses pistes dans le cancer du poumon
Dans le cancer du poumon, la situation est plus avancée, et quelques biomarqueurs sont d’ores et déjà utilisés pour déterminer le traitement. « Le premier marqueur de routine qui est à tester, pour le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC), est la mutation EGFR » a rappelé le Pr Gérard Zalcman, chef du service de pneumologie au CHU de Caen. « Si elle est absente, la chimiothérapie sera préconisée. Mais en cas de mutation, les inhibiteurs de la tyrosine kinase constitueront la meilleure option. Ils représentent une révolution pour 15% des patients : chez les patients mutés, la survie s'élève à 27 mois avec l'erlotinib ou le gefitinib, contre seulement 7 mois avec une chimiothérapie. » D'autres biomarqueurs (ERCC1, RRM1, expression de l'EGFR, VEGF sérique...) constituent aussi des indications dans le choix du traitement (chimiothérapie, anticorps monoclonaux, inhibiteurs de la tyrosine kinase...).
Un prédicteur de sévérité de l’infection
Pour les infections respiratoires basses, les biomarqueurs ont une autre utilité. Dans ces pathologies, La question majeure est le choix ou non d'utiliser des antibiotiques. Certains biomarqueurs peuvent aider dans cette prise de décision. « La procalcitonine (PCT) permet de diminuer le recours aux antibiotiques, et ainsi de limiter l’apparition de résistances » a indiqué le Pr Beat Müller, de l'université de Bâle, en Suisse. « En effet, la PCT augmente largement avec la sévérité de l'infection. Son utilisation permet d'améliorer l'examen clinique et non de le remplacer. Elle est ainsi plus efficace pour prédire la sévérité si elle est associée au diagnostic clinique qu'employée seule. Par ailleurs, la proADM (pro-adrénomédulline) aide à prédire le risque de mortalité, et permet donc d'optimiser l'hospitalisation. »
Enfin, « dans l'asthme sévère persistant, une nouvelle molécule, la périostine circulante, vient d'être mise en évidence comme signe d'une bonne réponse aux anti IL13 » conclut le Pr Nicod. « C'est ce type de marqueur que l'on recherche avec avidité pour personnaliser les traitements. »
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