THS d’hier et de demain

Publié le 10/11/2010
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Alors que les TH utilisés dans l’étude américaine WHI semblent plus néfastes que jamais, les THS français confortent leur sécurité d’emploi.

Crédit photo : ©BSIP/TETRA

Huit ans après sa publication, L’étude WHI continue de faire des vagues. Une récente publication dans le JAMA montre que, après 11 ans de suivi, les femmes de WHI traitées pendant 5 ans par le THS américain ont toujours un risque augmenté de cancer du sein (risque relatif de 1,25) par rapport aux femmes non traitées, alors qu’on croyait jusqu’alors que ce risque diminuait avec les années après l’arrêt du traitement. “Même s’il faut prendre note de ces résultats, ils me laissent circonspect”, avoue Christian Jamin, qui met en exergue des résultats à la limite de la significativité, ce qui serait dû au faible nombre de cancers du sein rapportés. “Nous ne sommes pas à l’abri d’un biais”, pointe le gynécologue parisien.

Mais si cette étude ne doit pas pour le moment effrayer les patientes américaines, les Françaises ont encore plus de quoi être rassurées, puisque le THS utilisé aux États-Unis n’a rien à voir avec le THS à la française. “L’acétate de médroxyprogestérone (MPA) n’est pas commercialisé dans l’Hexagone”, évoque le Dr Clara Pélissier (gynécologue, Paris et présidente de la société européenne de gynécologie). Le THS français a été mis à l’épreuve dans l’étude E3N et Mission et, après 8 ans et 6 ans de suivi, les derniers résultats confirment l’absence d’augmentation du risque de cancer du sein avec les TH combinant oestrogènes et progestérone naturelle micronisée. « Mais il y a une très légère hausse du cancer de l’endomètre, sans doute parce que la dose utilisée -100 mg - n’était pas assez forte pour saturer les récepteurs” poursuit Clara Pélissier qui, elle, préfère recourir au dosage 200 mg, et procéder à des échographies pelviennes de ses patientes à l’instauration du traitement et tous les 2 ans, pour vérifier les ovaires et l’épaisseur de l’endomètre.

En revanche, il y a une augmentation légère du risque de cancer du sein avec les THS employant les progestatifs de synthèse. Des résultats confirmés dans l’étude finlandaise de Lyytinen, qui montre surtout que le risque de cancer du sein est différent selon le progestatif employé : il est augmenté avec le MPA, mais pas avec la dydrogestérone.

Mais comment expliquer de telles différences entre la progestérone naturelle et ses dérivés synthétiques ? Pour Christian Jamin, tout tient dans le fait que les progestatifs stéroïdes n’agiraient pas directement et auraient un effet sur l’insulinorésistance, qui, elle serait corrélée avec l’augmentation du risque de cancer du sein par l’intermédiaire de l’activation de facteurs de croissance comme l’IGF1, les interleukines... Alors que, de son côté, la progestérone naturelle n’a aucun effet sur l’insuline. Une hypothèse qu’il reste maintenant à démontrer.


Source : lequotidiendumedecin.fr