Quelques données simples : chaque année en France, il y a 16 000 amputations, dont 6 700 majeures du membre inférieur (tibial ou fémoral). 75 à 90 % des cas sont de cause vasculaire, dont 50 % sont liées au diabète. Seuls 50 % des amputés majeurs sont appareillés. La prévalence des amputations augmente mais grâce aux progrès de la chirurgie endoluminale, le nombre d'amputés à appareiller reste stable.
« La haute technologie des appareillages paraissait hier réservée aux prouesses des sportifs et des jeunes adultes très actifs. Mais en 5 ans, les critères d'indication des appareillages avec microprocesseurs (vitesse de marche élevée, périmètre de marche conséquent…) sont devenus désuets », explique le Pr Paysant,
La prothèse basique imposait des efforts et une attention permanente pour ne pas chuter ou rater une marche… et chacun sait la difficulté à maintenir l'attention que rencontrent certains seniors. « La valeur ajoutée d'une prothèse de genou dotée de microprocesseur est majeure chez le senior amputé par rapport à une prothèse basique. La prothèse High-Tech détecte les environnements et les besoins. Elle s'adapte, aide le patient, sécurise les transferts, permet de piétiner, facilite les actes de la vie quotidienne : faire de la cuisine ou simplement aller chercher son pain… Chez le senior amputé vasculaire encore actif, même de 80 ans, elle apporte la performance fonctionnelle, l'autonomie et une qualité de vie inespérée », poursuit-il.
Anticiper l'amputation, réduire sa gravité
Aujourd'hui l'amputation traumatique n'est plus vécue comme un échec… Comme en cancérologie, les options chirurgicales sont discutées en réunions de concertation pluridisciplinaire (reconstruction complexe ou amputation et appareillage).
En vasculaire, l'amputation est encore vécue comme un échec du pontage alors que c'est une solution. Le Pr Paysant lance un appel pour « anticiper la solution et travailler en concertation pluridisciplinaire. Aujourd'hui le patient notamment diabétique nous est encore adressé, épuisé et déçu. De l’orteil à la transmétatarsienne, de la jambe à la cuisse, il a trop souvent été saucissonné par dépit et par défaut, sans perspectives. Sachons anticiper une amputation tibiale, ou mieux discuter d'un programme conservateur vasculaire associé à des programmes de prévention et de réentrainement à l'effort qui pourront retarder l'amputation et réduire sa gravité », exhorte le Pr Paysant !
La médecine de réadaptation est une spécialité de la fonction mais aussi de la prévention primaire et secondaire. Elle propose aussi des programmes globaux de réentrainement à l'effort sur 4 semaines visant à augmenter l'endurance en travaillant au seuil ventilatoire aérobie (sur ergocycles adaptés,exerciseurs, ...) avec médecins, kinésithérapeutes, ergothérapeutes et moniteurs d'activité physique adaptés.
Pensons à la médecine de réadaptation et à l'activité physique structurée en amont de l'amputation.
D'après un entretien avec le Pr Jean Paysant, spécialiste de médecine physique et de réadaptation, directeur de l'Institut régional de réadaptation de Nancy et président de la Société française pour l'appareillage (AFA)
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