C’est un moment qualifié « d’historique » par le Pr Emmanuel Touzé, doyen de l’UFR de Santé de Caen Normandie, qui accueillait le congrès de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).
Ce jeudi, devant 300 carabins, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, ont gravé dans le marbre la fin des ECNi et du second cycle des études médicales dans leur forme actuelle. Les deux ministres ont ainsi programmé la suppression de cette méthode de classement couperet (trois jours d'épreuves en fin de sixième année) qui contraint les étudiants au bachotage intensif tout au long du cursus.
Les ministres ont reconnu les incohérences actuelles. « Il n’est pas normal qu’un étudiant ayant assuré le tutorat d’anatomie et exercé comme aide opératoire ne voit ses expériences aucunement prises en compte pour l’accès à une spécialisation chirurgicale, illustre Frédérique Vidal. Il n’est pas normal qu’un étudiant suivant un double cursus de recherche soit découragé de poursuivre une activité de recherche pour préparer les ECNi. »
Sous un tonnerre d’applaudissements, les ministres ont précisé le calendrier et les modalités de ces changements. « Les étudiants qui entreront en 4e année en 2019 bénéficieront d’un second cycle rénové », a annoncé Frédérique Vidal. Le nouvel accès à l'internat sera donc opérationnel pour 2021 (fin de 5e année) et 2022 (fin de 6e année).
Les compétences et le parcours personnel
La réforme, ambitieuse, colle strictement au rapport rendu par le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, ex-président de la conférence des doyens, et Quentin Hennion-Imbault, ex-membre de l’ANEMF.
Au cours du deuxième cycle, l’introduction de stages plus tôt dans le cursus, la personnalisation du parcours de l’étudiant et l’approche par compétences (cliniques et relationnelles) sont au programme. « Sans doute nous faut-il limiter le référentiel ou le corpus de connaissances du second cycle. Le second cycle doit être celui de l’acquisition des compétences, les principaux gestes doivent être maîtrisés. Ils doivent être appris notamment en simulation », précise Agnès Buzyn. Le gouvernement maintient toutefois une épreuve d'évaluation des connaissances mais recentrée sur les connaissances clés.
Les évaluations en stage d'externat seront renforcées, la formation en simulation généralisée. L'accompagnement de l'étudiant dans son projet professionnel et la diversification des parcours doivent permettre d'éviter le bachotage et de valoriser le choix d'une discipline. Les candidats pourront candidater à plusieurs spécialités.
Trépied
L’admission en 3e cycle se fera donc à la faveur d'une « procédure rénovée » – l’État régulant le nombre de praticiens formés dans chaque spécialité et chaque région. Pour s'orienter, chaque étudiant devra ainsi valoriser trois grands champs. « Ses connaissances (socles) évaluées en fin de 5e année, ses compétences (cliniques, relationnelles) évaluées en fin de 6e année et son profil défini par un certain nombre de paramètres exprimant la personnalisation du parcours et qui deviendra un atout », détaille la ministre de la Santé.
Un travail de fond reste nécessaire « pour préciser les conditions exactes de chacune de ces évaluations ». Mais la nouvelle procédure devrait exiger une moyenne minimale de 10 sur 20 pour accéder à l'internat –, notamment pour éliminer certaines candidatures folkloriques ou d'étudiants issus de l'UE qui ne parlent pas le français.
Très attendus, ces arbitrages ont été salués par les carabins. « On s’était fortement impliqués, commente Yanis Merad, président de l'ANEMF. On retrouve le trépied "connaissances, compétences et parcours". Ainsi que la 6e année pré-professionnalisante, avec l’épreuve de connaissances en fin de 5e année. Au final, ces annonces sont en ligne avec les attentes des étudiants. » Pour autant, il estime que « le diable est dans les détails, d'où la nécessité d'être vigilant à ce que des discriminations et des injustices ne se glissent pas dans le système ».
La concertation se poursuit dès la semaine prochaine entre l’ANEMF, la conférence des doyens et les ministères.
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