Boris Cyrulnik : « pourquoi je soutiens Pessoa »

Publié le 04/07/2013
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LE QUOTIDIEN - Pourquoi avoir accepté de présider le conseil scientifique de Pessoa ?

BORIS CYRULNIK - J’ai déjà enseigné dans de nombreuses université privées, au Portugal, en Amérique du Nord, en Colombie, où l’organisation et les formations étaient de très bonne qualité. Les universités privées ont une plus grande liberté et plus de souplesse que les universités publiques. Il y a un an, les responsables du centre Fernando Pessoa m’ont demandé de participer au conseil scientifique et j’ai accepté. Pour l’instant, je n’ai participé à aucune décision mais je pense que dans un an j’aurai un pouvoir de critique. Nous ferons un premier bilan pour voir ce qui marche ou non.

Pessoa inquiète les professionnels de santé. Comprenez-vous cette hostilité ?

Non, je ne la comprends pas mais on peut l’expliquer par leur ignorance. Lors de la manifestation (le 15 mars dernier, NDLR), certains étudiants portaient des pancartes nous reprochant de contourner le numerus clausus. Mais il est déjà contourné ! Dix pour cent des étudiants vont faire leurs études à l’étranger et reviennent s’installer en France. Leur nombre va considérablement augmenter dans les prochaines années. Le processus est déclenché depuis longtemps et ce n’est pas Pessoa qui en est à l’origine.

Selon vous le numerus clausus est-il caduc ?

Absolument. Le numerus clausus est responsable de ces départs à l’étranger. Il est en train de bousiller la médecine. Il n’a d’intérêt ni pour les médecins, ni pour les malades. Le concours est très sélectif et beaucoup d’étudiants collés sont bons. On sélectionne au sabre et on élimine des gens très compétents.

On sélectionne des perroquets, des gens capables d’apprendre et de répéter vite. C’est absurde. Beaucoup de médecins généralistes ne trouvent pas de remplaçants. Les pays étrangers sont très étonnés de notre mode de sélection. En Allemagne, les études sont centrées sur la pratique et ne reposent pas uniquement sur l’enseignement des professeurs d’université publique. En Italie en Suisse, des médecins de ville encadrent les jeunes et les contrôlent en petits groupes. Comment voulez-vous qu’on les contrôle en France dans un immense amphithéâtre ? Il faut favoriser l’ouverture des études de santé au privé.

 PROPOS RECUEILLIS PAR CH.G.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9256