Très attendue par les syndicats d’internes, la conférence sur les risques psychosociaux des étudiants en santé s’est tenue hier en visioconférence. Organisée par la Conférence nationale des Doyens de faculté de médecine, elle a réuni autour de la table : syndicats d’internes, associations d’étudiants et de parents ainsi que doyens de facultés. La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal elle aussi était présente.
Olivier Véran aux abonnés absents selon les syndicats d’internes
Si l’intervention « très juste » de Frédérique Vidal et sa « volonté de s’investir du sujet » ont été vivement saluées par les syndicats d’internes, l’absence d’Olivier Véran a fait tache d’huile parmi les syndicats. Alors que depuis le début de l’année quatre internes de médecine se sont donné la mort, les syndicats attendaient des réponses fortes de la part du ministre de la Santé.
« Olivier Véran a brillé par son absence et son conseiller est arrivé une heure et demie en retard. Le message est très mauvais alors que la question du mal-être des internes s’impose à tous. Depuis le début de l’année, il y a eu des événements tragiques, quatre internes se sont suicidés. Nous avons envoyé plusieurs courriers en recommandé au ministre mais nous n’avons jamais eu de réponse » déplore Léo Sillion, vice-président de l’Isni (intersyndicale nationale des internes).
Une charte opposable aux maîtres de stage sur les violences
Alerté il y a quatre ans déjà par un rapport très inquiétant du Dr Donata Marra sur la qualité de vie des étudiants en santé, le président de la conférence des Doyens de facultés de médecine, le Pr. Patrice Diot a reconnu devoir faire un « constat d’échec » de la situation : « Depuis un an, rien n’a changé, j’en assume ma part de responsabilité, » a-t-il déclaré lors de son intervention.
Frédérique Vidal a, quant à elle, affiché sa volonté d’une « tolérance zéro » vis-à-vis des cas de violences et de maltraitances au sein des cursus de médecine. Parmi les pistes évoquées pour que ces violences cessent, elle propose notamment la création d’une « charte opposable aux maîtres de stage » qui permettrait de réaffecter les étudiants dans d’autres terrains de stage en cas de situation à risque (violences et maltraitantes) avec une « suspension sans délai d’un agrément de terrain de stage. »
– Conférence de concertation sur le mal-être et le harcèlement des étudiants des formations médicales. #ToléranceZéro et #AccompagnementExemplaire. pic.twitter.com/blTBHIHmY6
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) March 29, 2021
Mais les modalités de cette charte posent question parmi les syndicats d’internes. Morgan Caillaut président de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) salue la démarche. Toutefois, selon lui, une telle mesure doit être inscrite dans des textes de lois :
« Une charte n’engage que ceux qui y croient, pas ceux qui la signent. Il faut que tout soit cadré, la souplesse entraîne des dérives. » Selon lui avant toute chose, de nouvelles dispositions, pour que soient facilités les changements de stage, doivent être engagées.
De son côté le vice-président de l’Isni préconise que « l’arsenal juridique » soit tout simplement respecté :
« A-t-on vraiment besoin d’un énième plan ou d’une énième loi ? Il faut tout simplement faire appliquer les lois en vigueur. Il existe déjà une demi-douzaine de textes de lois et de nombreux numéros uniques. Pourtant nous avons toujours autant de mal-être étudiant et de suicides… » Selon le vice-président du syndicat, il est avant tout nécessaire « d’agir en amont » pour parvenir à déceler les circonstances qui font qu’un interne est « mal dans son service. »
Le Pr. Patrice Diot a annoncé quant à lui qu'une synthèse des « propositions retenues » serait communiquée d'ici les prochains jours.
Avenir incertain du Conseil national d’appui (CNA)
Concernant l’avenir du Conseil national d’appui (CNA) crée en 2018 pour mettre en œuvre 15 engagements pour prévenir les risques psychosociaux chez les internes, il reste en suspens.
À l’occasion de la conférence, Frédérique Vidal a annoncé sa « nécessaire évolution ». Mais la question de la reconduction de la lettre de mission de la présidente du CNA le Dr Marra, qui doit s’achever en mai, reste sans réponse.
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU
Les doyens veulent créer un « service médical à la Nation » pour les jeunes médecins, les juniors tiquent
Banderole sexiste à l'université de Tours : ouverture d'une enquête pénale