Les revenus des médecins français vus de l’étranger

Publié le 13/05/2022
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Une bonne manière de rendre compte des revenus des médecins français consiste à adopter le point de vue des praticiens étrangers qui envisagent de s’installer dans l’Hexagone. Et d’après leurs recruteurs, notre pays continue à être attractif.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, l’Europe est devenue pour certains médecins un immense marché du travail où l’on peut comparer les avantages et les inconvénients d’une installation en France, en Allemagne, ou encore en Suède. Et dans cette situation de concurrence à l’échelle continentale, la France semble assez bien tirer son épingle du jeu : vu des pays d’émigration médicale, notre pays reste désirable, notamment en raison des rémunérations qu’il est capable d’offrir.

« C’est la principale raison du départ pour les médecins que nous recrutons, explique Guy Enone, PDG et fondateur de BRM Conseil, un cabinet de recrutement qui installe en France des médecins venus principalement de Roumanie, de Bulgarie, d’Espagne ou encore d’Italie. Bien sûr, il peut y avoir d’autres raisons, comme par exemple la culture française, mais la rémunération vient en premier. » Du côté d’Auxilia Recrutement, autre cabinet de recrutement, le ton est légèrement plus nuancé, mais l’argument financier n’est pas écarté. « La rémunération n’est pas l’unique motivation, estime ainsi Carla Machado, associée du cabinet basée à Lisbonne. Il y a aussi l’épuisement que ressentent les praticiens portugais du fait de la pandémie, ou encore la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle… »

Différentiel de rémunération

La recruteuse reconnaît toutefois que le différentiel de rémunération entre la France et le Portugal peut jouer. « Un généraliste qui démarre gagne ici environ 1 500 euros par mois, et le salaire d’un chirurgien à l’hôpital public, par exemple en viscéral, sera au début autour de 1700 à 1 800 euros par mois », détaille-t-elle. De quoi donner des raisons de chercher si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Et comme il existe de nombreux pays qui offrent aux praticiens des rémunérations plus alléchantes que les rémunérations portugaises, roumaines ou bulgares, la France doit être compétitive pour attirer au moins une partie d’entre eux. Bonne nouvelle : de l’avis des recruteurs, elle l’est.

« C’est vrai que lorsqu’on propose aux médecins étrangers des postes à l’hôpital public, nous ne sommes pas aussi compétitifs que nous pourrions le souhaiter, reconnaît Guy Enone. Mais sur les postes en libéral, nous avons beaucoup moins de difficultés. » Quant à Carla Machado, elle reconnaît certes des avantages à d’autres pays que la France, mais pas forcément en termes de rémunération. « L’Allemagne attire surtout pour la qualité de sa formation, et l’Angleterre est une destination naturelle pour les médecins portugais du fait de la langue, résume-t-elle. Mais pour ce qui est de la rémunération, la France n’est pas vraiment désavantagée. »

Guy Enone souligne par ailleurs que la France dispose d’un avantage financier qui attire les praticiens étrangers sans toutefois apparaître dans les chiffres comparant les rémunérations des médecins : les aides à l’installation en zone sous-dotée. « Dans certains cas, les médecins peuvent être exonérés d’impôt pendant cinq ans, et avoir une prime d’installation allant jusqu’à 50 000 euros », souligne-t-il. Un solide avantage sur le marché international du recrutement médical.

AR

Source : Le Quotidien du médecin