Intuitivement, on pense que cumuler sa retraite avec les revenus de son activité libérale est une solution intéressante. Est-ce réellement le cas ?
Dr Thierry Lardenois. Il est vrai que le cumul est très attrayant au départ. On a fait miroiter aux médecins des perspectives mirobolantes, mais les choses ne sont pas aussi simples. Énormément de charges pèsent sur le cumul, de sorte que les praticiens ne sont pas forcément gagnants.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Dr T.L. Quand on cumule retraite et activité libérale, on se retrouve étouffé par deux types de prélèvement : la fiscalité “normale” et “sociale”. De plus, les revenus touchés en plus de la retraite font souvent changer la personne de tranche d’imposition sur le revenu. La décision de cumuler doit ainsi faire l’objet d’un calcul précis.
Quels sont les tenants et aboutissants de ce calcul ?
Dr T.L. Grossièrement, pour un cumul avantageux, deux cas de figure sont possibles, tous deux difficiles à réaliser. Le premier consiste à travailler beaucoup, en continuant son activité presque comme avant. L’augmentation des revenus compense alors celle de la fiscalité. Ou bien il faut travailler très peu, et se situer en dessous du seuil d’exonération de 17 500 euros par an.
D’où l’intérêt du temps choisi…
Dr T.L. Oui. J’ai mis en place cette réforme parce qu’elle répond à une attente sociétale : les médecins vieillissent moins vite qu’auparavant, certains veulent rester en prise et ne voient plus l’âge de 65 ou de 62 ans comme une barrière. Mais ils veulent aussi choisir le moment où ils en ont fait assez. L’avantage de la solution en temps choisi, c’est qu’on continue à travailler et à cotiser comme avant. On n’est pas retraité, mais on ne cotise pas à perte comme dans la solution du cumul : toutes les cotisations rapportent des points pour la future retraite. Le confrère continue par ailleurs à être pris en charge pour la prévoyance, ou encore l’indemnité décès. Si par malheur, le médecin vient à décéder pendant la période de temps choisi, son conjoint survivant touche donc une indemnité de 60 000 euros qui permet de liquider l’activité. Ce n’est pas le cas dans le cas du cumul.
Le succès du temps choisi répond-il à vos espérances ?
Dr T.L. Nous n’en sommes qu’à la quatrième année de mise en place de la réforme, il est donc trop tôt pour tirer des conclusions. Nous voyons une progression, certes plus timide qu’on aurait pu le souhaiter. Mais il faut également dire que le dispositif est encore mal connu, et que nous n’avons pas fait de publicité particulière pour lui. Ce qu’il faut retenir, c’est que des médecins ont inventé quelque chose qui répond aux attentes de leurs confrères. Constatant que le cumul n’est pas satisfaisant, nous proposons simplement cette alternative. Après, c’est à chacun de choisir ce qui lui convient. n
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Pourquoi ils continuent
Privilégier le cumul ou le temps choisi ?
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