Deux médecins empochent plus de 90 000 euros pour passer d'un désert à l'autre, une élue dénonce un scandale

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Publié le 30/03/2022

Crédit photo : PHANIE

Ils ont quitté la commune de Fresnay-sur-Sarthe pour s'installer à 200 km de distance, à Saint-Vaast-la-Hougue, dans la Manche. Un couple de médecins crée aujourd'hui la polémique pour avoir profité opportunément des aides à l'installation accordées par l'Assurance-maladie dans les déserts médicaux.

Selon le journal « Ouest France », qui a le premier évoqué cette affaire, les deux praticiens ont touché 93 750 euros pour passer ainsi d'un désert à l'autre, avec l'engagement d'exercer cinq ans dans le secteur.

La maire de Fresnay-sur-Sarthe, Fabienne Labrette-Menager, qui a vu partir ses deux derniers généralistes, s'en est indignée sur les réseaux sociaux. « Ils ont quitté Fresnay le 15 décembre 2021... Écœurant », écrit l'élue sur Facebook.

À RMC, elle confie que les deux médecins avaient annoncé leur souhait de partir à la retraite au mois d'octobre dernier. « On accepte, puisque ça faisait plus de 25 ans qu'ils exerçaient » dans la commune, raconte-t-elle. Mais, deux mois et demi plus tard, le 1er février, ils ouvraient leur cabinet à Saint-Vaast-la-Hougue.

Interrogé par « Ouest France », le directeur de la caisse primaire de la Manche confirme l'information tout en affirmant que les deux médecins sont dans leur droit. « On est dans une logique de liberté totale d'installation », explique-t-il au quotidien régional, tout en reconnaissant que le dispositif d'aide à l'installation peut avoir des « effets qui peuvent être perçus comme pervers, des effets d'aubaine ».

Pas de quoi convaincre l'édile de la commune privée de médecins. « Comment l’État peut-il accepter de verser 100 000 euros à des médecins qui ont déserté un territoire sous-doté pour s’installer deux mois après à une centaine de kilomètres... Les patients abandonnés apprécieront ! », s'étrangle Fabienne Labrette-Menager.

La maire lance aujourd'hui un appel auprès des étudiants en médecine pour les inciter à s'installer dans sa commune de 2 500 habitants. « On est dans la panade », confie à RMC cette élue qui espère l'installation de trois ou quatre généralistes pour répondre aux besoins du bassin de population de 23 000 personnes.


Source : lequotidiendumedecin.fr