LES VALEURS sûres sont au rendez-vous. Ainsi Pierre Assouline, qui nous entraîne à « Sigmaringen » (Gallimard) en 1944, après qu’Hitler a réquisitionné le château pour servir de refuge à Pétain et aux membres du gouvernement de Vichy et alors que collaborateurs et miliciens s’y livrent une guéguerre sans merci. Autre auteur et autre cadre, « la Maison atlantique » (Julliard), de Philippe Besson, est un huis-clos étouffant au cœur de l’été entre un père et son fils, ce dernier passant d’une hostilité retenue lorsque sont évoquées d’anciennes douleurs non réglées, à une véritable haine.
Prix Livre Inter et prix Renaudot 2005 (« Mes mauvaises pensées »), Nina Bouraoui parle, dans « Standard » (Flammarion), d’un homme qui vit seul et travaille sans états d’âme apparents, jusqu’au jour où il croise par hasard une ancienne camarade de lycée. Récompensé aussi par le Renaudot (« Assam », en 2002), Gérard de Cortanze revient, dans « l’An prochain à Grenade » (Albin Michel), à la nuit du 31 décembre 1066, lorsque 5 000 Juifs ont été massacrés ; avec son amant, un poète musulman, une jeune survivante traverse les siècles et devient la mémoire vivante de son peuple, toujours présente là où sévissent guerres et pogroms.
On retrouve dans « On a sauvé le monde » (Grasset), de Dominique Fernandez, beaucoup des thèmes de l’Académicien et prix Goncourt (« Dans la main de l’ange », 1982), l’espionnage en plus : à Rome, dans les années 1930, un étudiant en art se partage entre une jeune aristocrate italienne et une sensuelle Polonaise, avant de tomber amoureux du fils d’une famille de Russes blancs et de jouer avec lui les espions au service du régime communiste.
Au plus près du réel.
Déjà poursuivi en 2010 pour « Sévère », qui met en scène le meurtre du banquier Édouard Stern par sa maîtresse Cécile Brossard, Régis Jauffret revient avec une autre fiction inspirée du réel, « la Ballade de Rikers Island » (Seuil). Au début du XXIe siècle, le président d’une prestigieuse institution financière est accusé de viol par une femme de chambre et incarcéré. On connaît la suite.
C’est une réalité encore plus proche de lui qu’évoque Marc Lambron dans « Tu n’as pas tellement changé » (Grasset). Le journaliste au « Point » et auteur d’une quinzaine de romans, dont « l’Œil du silence », prix Femina en 1993, avait écrit ce texte peu après la disparition de son jeune frère Philippe, mort du sida en 1995. Il le publie pour rétablir la mémoire du disparu, souvent présenté par Frigide Bardot comme son amour de jeunesse, qui s’est refusé à elle.
Également académicien et prix Goncourt (« l’Exposition coloniale », 1988), Erik Orsenna renoue, dans « Mali, ô Mali » (Stock), avec le personnage de l’institutrice malienne qu’il avait imaginée dans « Madame Bâ », il y a dix ans, pour donner une image du Mali d’aujourd’hui confronté à la violence et au terrorisme.
Forte du succès de sa précédente trilogie, qui s’est achevée avec « les Écureuils de Central Park », Katherine Pancol annonce également une suite de trois tomes initiée par « Muchachas » (Albin Michel), où les vies des personnages, féminins mais aussi masculins, se font et se défont un peu partout dans le monde.
Qualifié de roman aux accents autobiographiques, « Médium » (Gallimard), de Philippe Sollers, a pour cadre Venise, où l’auteur se défend de la folie du monde en relisant les classiques et en prenant des substances, en charmante compagnie bien entendu.
Retrouvailles.
Cet hiver marque aussi les retrouvailles avec des auteurs comme Catherine Hermary-Vieille, qui nous mène de la cour de Louis XV au Gévaudan (« la Bête », Albin Michel) ; Gérard Mordillat, qui nous fait partager le combat solidaire des travailleuses d’une cité (« Xenia », Calmann-Lévy) ; Gilbert Sinoué, qui évoque les conséquences d’une amitié fusionnelle entre un Indien et un Allemand installés en Afrique du Sud au début du XXe siècle (« la Nuit de Maritzburg », Flammarion) ; Elvire de Brissac, qui traite des mutations familiales d’aujourd’hui (« la Corde et le vent », Grasset) ; Andreï Makine, prix Goncourt en 1995 pour « le Testament français », qui rend hommage à Jean-Claude Servan-Schreiber, héros oublié de la Deuxième Guerre mondiale (« le Pays du lieutenant Schreiber », Grasset) ; David Foenkinos, qui met en scène un homme de 50 ans contraint de retourner vivre chez ses parents après avoir perdu son travail et sa femme (« l’Échec mode d’emploi », J’ai Lu) ; Pascal Quignard, qui approche l’énigme masochienne par l’étymologie (« L’Être du balbutiement : essai sur Sacher-Masoch », Mercure de France) ; Patrick Grainville, prix Goncourt en 1976 pour « les Flamboyants », qui raconte comment, en 1828, un avocat de Philadelphie abandonne sa brillante carrière et son épouse pour aller à la rencontre des tribus indiennes installées le long du Mississippi (« Bison », Seuil), etc.
Des nouvelles, bonnes nouvelles.
Les auteurs n’ont pas attendu qu’un prix Nobel couronne l’œuvre d’Alice Munro en 2013 pour sacrifier au genre. Outre « Galop d’essai » (Belfond), qui rassemble, autour de la relation particulière qui lie l’homme au cheval, huit nouvelles sélectionnées et deux, inédites, de Françoise Bourdin, on ne manquera pas les 15 textes de Paul Fournel réunis sous le titre « Humeurs badines, nouvelles érotiques » (Dialogues).
Grand voyageur et mieux, écrivain-voyageur, Sylvain Tesson publie, sous le très beau titre « S’abandonner à vivre » (Gallimard), un ensemble de textes inspirés de ses expériences vécues ici et ailleurs, surtout. L’amour, amour fou ou rêvé, amour réel et bien mort, est le thème central de « Tout le monde s’aime » (Pierre-Guillaume de Roux), d’Alain Absire, ainsi que du recueil de Pascale Roze, « Passage de l’amour » (Stock), qui réunit 18 subtiles variations inspirées de différents éléments de la vie de l’auteure.
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