Décès du Pr Étienne-Émile Baulieu, père de la pilule abortive

Publié le 30/05/2025

À la fois médecin et chercheur, il était mondialement connu pour la portée scientifique, médicale et sociétale de ses travaux sur le rôle des hormones stéroïdes.

Crédit photo : Erice Dessons/JDD/Sipa

Le Pr Étienne-Émile Baulieu, inventeur de la pilule abortive, est décédé le 30 mai à l’âge de 98 ans, à son domicile à Paris, a annoncé sa femme, Simone Harari Baulieu, à l'AFP. « Ses recherches étaient guidées par son attachement aux progrès permis par la science, son engagement en faveur de la liberté des femmes, sa volonté de permettre à tous de vivre mieux plus longtemps », a-t-elle rappelé dans un communiqué.

Né le 12 décembre 1926 à Strasbourg, Étienne Blum prend le nom d’Émile Baulieu lors de son engagement dans la Résistance, à seulement 15 ans. Docteur en médecine (1955) et docteur ès sciences (1963), endocrinologue, il fonde en 1963 l’unité de recherche 33 à l’Inserm pour le travail sur les hormones, qu’il dirige jusqu’en 1997 et au sein duquel il travaillera jusqu’au bout.

Il est notamment connu pour sa mise au point, en 1982, de la RU 486. Cette pilule abortive révolutionne la vie de millions de femmes à travers le monde en leur offrant la possibilité d’une interruption volontaire de grossesse médicamenteuse. Il fait alors face aux virulentes critiques et même aux menaces des adversaires du droit des femmes à maîtriser leur procréation.

Élevé grand-croix de l’ordre national du Mérite en 2023

Ses recherches sur la DHEA, hormone dont il avait découvert la sécrétion et son activité contre le vieillissement, le conduisent à travailler sur les neurostéroïdes (stéroïdes du système nerveux). Il a ainsi élaboré un traitement de lutte contre la dépression (prégnénolone), pour lequel un essai clinique est en cours dans plusieurs CHU.

En 2008, il fonde l’Institut Baulieu pour comprendre, prévenir et soigner les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Ses recherches ciblent la protéine Tau avec une autre protéine, FKBP52, qu’il avait découverte et qui est naturellement présente dans l’organisme.

Grand-croix de la Légion d’honneur et grand-croix de l’ordre national du Mérite, il a reçu de nombreux prix en France. Aux États-Unis, il a été distingué par le prix Lasker, la plus haute distinction scientifique américaine. Remarié avec Simone Harari Baulieu, il était veuf de Yolande Compagnon. Il laisse 3 enfants, 8 petits-enfants et 9 arrière-petits-enfants, indique le communiqué.

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr