Comme chaque année, le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) dévoile son atlas de la démographie médicale. Un document utile qui met en exergue une situation qui « demeure fragile, avec de nombreuses incertitudes ».
Et pour cause. En treize ans, le nombre de médecins généralistes en activité régulière a baissé de près de 12 %, passant de 94 000 omnipraticiens en 2010 à 83 000 en 2023 (chiffres arrêtés au 1er janvier).
Légère désaffection pour l'exercice libéral au profit du salariat
Dans son atlas, le Cnom remarque par ailleurs « une désaffection relative mais croissante de l’exercice libéral régulier en médecine générale, expliquant une baisse plus forte qu’attendue du nombre de médecins traitants ».
En effet, les chiffres montrent qu'entre 2010 et 2023, la part de libéraux exclusifs parmi les effectifs de médecins généralistes en activité a légèrement baissé (2 %) et ce, au profit du salariat. La proportion d'omnipraticiens exerçant en libéral s'établit ainsi à 57 % en 2023 contre 59 % en 2010. Entre 2010 et 2023, la part de généralistes ayant une activité mixte reste stable, aux alentours de 7 %. C'est en revanche le salariat qui gagne du terrain, passant d'un peu plus de 33 % des effectifs en 2010 à 35 % en 2023.
Il est à noter, toutefois, que l'activité libérale exclusive reste le mode d'exercice majoritaire parmi les omnipraticiens alors que cette tendance s'inverse pour l'ensemble des médecins en activité entre 2010 et 2023. La part de l'activité salariée pour l'ensemble des effectifs de médecins prend en effet le pas (45 %) sur la part de l'activité libérale (43 %). En 2010, cette proportion s'établissait respectivement à 42 % et 46 %. La part de médecins en activité mixte reste, elle, relativement stable entre 2010 et 2023, passant de 11 à 10 %.
Des disparités territoriales
Sur le plan de l'accès aux soins, le Cnom observe un « creusement des inégalités territoriales d’accès aux soins » et note des disparités territoriales selon le groupe de spécialité.
Toutefois, en ce qui concerne la médecine générale, les disparités territoriales à l'échelle départementale sont relativement identiques à celles observées sur l'ensemble des médecins en activité.
Sans grande surprise, les départements du centre de la métropole sont les plus lésés. À l’inverse, ce sont les départements des littoraux et frontières et « ceux abritant les grandes villes qui sont les mieux dotés ». Pour les généralistes, 72 départements enregistrent des variations de densité négatives entre 2010 et 2023. Ce sont d'ailleurs les départements du centre de la métropole qui enregistrent les plus fortes variations, allant jusqu'à -25,4 % pour l’Eure-et-Loir.
Et si, de façon plus générale, les chiffres montrent une « quasi-stagnation (-1,3 %) » des effectifs de médecins en activité régulière (toutes spécialités confondues) entre 2010 et 2023, le Cnom met aussi en garde sur le caractère éphémère de cette stagnation.
En effet, « l'érosion de la démographie médicale a été un temps compensée par l'augmentation du nombre de médecins en activité intermittente (remplaçants et cumul emploi retraite) », rappelle le Cnom. Mais les effectifs des médecins retraités qui poursuivent leur activité devraient « cesser de croître, voire baisser dans les prochaines années, rendant compte de la fragilité de la démographie médicale pendant une décennie encore ». Face à ces constats, le Cnom appelle à une « profonde réforme du système de santé ».
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