"La fracture sanitaire se creuse ! ", s'indigne UFC-Que choisir. Cette dernière vient de publier une nouvelle étude sur l'accès aux soins de ville et les dépassements d'honoraires. Pour arriver à ce constat, l'association de consommateurs a passé au crible l'accès géographique et financier à quatre spécialités (généralistes, pédiatres, ophtalmologistes et gynécologues) dans la totalité des communes de France en se basant sur les données de l'Assurance maladie. Des résultats qu'elle a pondérés en fonction des caractéristiques de la population et de la dotation des différentes communes et comparés avec sa première étude effectuée 2012.
L'association de consommateurs retire de cet exercice un constat préoccupant. A l'en croire, en 2016, 14,6 millions de personnes, soit 23% de la population métropolitaine, ont des difficultés pour rencontrer un médecin de famille à moins de trente minutes de leur domicile et 5% d'entre eux (3,2 millions) vivent dans un désert médical, marqué par une densité médicale inférieure de 60% à la moyenne nationale. Et l'évolution dans le temps est bien entendu délétère : pour les généralistes, l'enquête estime que 27% de nos concitoyens ont subi une dégradation de l'offre de soins ces quatre dernières années...
L'UFC-Que Choisir note plusieurs causes à cette "fracture sanitaire". D'un côté la moins bonne répartition géographique des médecins, qui concerne les généralistes au premier chef, mais pas seulement. De l'autre, l'échec du contrat d'accès aux soins (CAS), qui, pour l'essentiel vise les autres spécialités étudiées.
Non seulement les médecins sont plus nombreux à ne plus pratiquer les tarifs de la Sécurité sociale, mais le montant moyen des dépassements d'honoraires en quatre ans a lui aussi progressé, selon l'UFC Que choisir. Cependant ces dépassements sont limités pour les généralistes, reconnait-elle, observant toutefois que "30% de la population vit dans une zone où l'offre au tarif de la sécurité sociale est insuffisante". L'association souligne que si 60% des gynécologues (contre 56% en 2012) les pratiquent, ils sont seulement 9% des généralistes, contre 8% il y a 4 ans.
Pour l'association de consommateurs, ces chiffres démontrent "le dispendieux échec" du contrat d’accès aux soins (CAS) destiné à réguler les dépassements d'honoraires, qui "attire trop peu de médecins". "Pour 59 millions d’euros de dépassements évités par son action en 2014, le dispositif a coûté 470 millions d’euros en contreparties accordées aux médecins, soit 8 fois plus", souligne UFC-Que Choisir.
Face à ce "double constat d'échec dans la lutte contre les dépassements d'honoraires comme contre les déserts médicaux", UFC-Que Choisir n'hésite pas à ressortir les dossiers qui fâchent. Et d'appeler le gouvernement et l'Assurance maladie, en pleine négociation avec les syndicats de médecins à un "changement radical de braquet". Comprendre : fin de la liberté d'installation en zones déficitaires et suppression du secteur 2, seuls subsistants le secteur 1 et le CAS...
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