Cancer : la télésurveillance bénéfique pour les patients en France et en Belgique

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Publié le 05/08/2024
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La télésurveillance dans le suivi des symptômes de patients avec un cancer a du mal à être appliquée. Une étude multicentrique, à laquelle l’Institut Gustave-Roussy a pris part, montre une bonne acceptabilité par les patients et un bénéfice clinique en France et en Belgique.

L’application Resilience a permis une amélioration significative de la prise en charge des symptômes de patients en cancérologie

L’application Resilience a permis une amélioration significative de la prise en charge des symptômes de patients en cancérologie
Crédit photo : BURGER/PHANIE

La télésurveillance basée sur le signalement des symptômes par les patients en cancérologie réduit le fardeau des manifestations cliniques liées à la maladie ou aux traitements, diminue le recours aux urgences et améliore la qualité de vie des patients. Malgré son intégration dans les recommandations internationales, l’implémentation dans la pratique clinique de dispositifs de télésurveillance est à la traîne.

Une nouvelle étude multicentrique publiée dans le Lancet Regional Health-Europe démontre pour la première fois l’intérêt d’un parcours de soins intégrant le suivi numérique à distance en soins courants de patients, à l’échelle de la France et de la Belgique. La Dr Maria Alice Franzoi, médecin chercheuse à l’Institut Gustave-Roussy, en est la première auteure.

L’essai a été mené dans 33 centres hospitaliers sur 3 015 patients, de novembre 2021 à août 2023. Ils ont utilisé l’application Resilience, permettant aux patients de rapporter régulièrement leurs symptômes. L’outil analyse la sévérité et l’aggravation des symptômes pour alerter les soignants en temps réel et fournir des conseils personnalisés aux patients. Resilience repose sur des infirmières « navigatrices », qui jouent un rôle clé : formation des patients à l'utilisation de l'application, conseils sur la prise en charge des symptômes et gestion des alertes.

Des améliorations observées dès deux semaines

Les résultats de l’étude montrent que 94,6 % des alertes de symptômes graves ou en aggravation signalés ont conduit à une amélioration significative de la prise en charge des patients, seulement deux semaines après leur déclenchement. De plus, 88,4 % des patients ont observé une amélioration de deux points ou plus de leurs symptômes sur l'échelle à 5 points PRO-CTCAE (Patient-Reported Outcomes version of the Common Terminology Criteria for Adverse Events), qui se concentre sur le ressenti des patients.

« La mise en œuvre de ce parcours de surveillance à distance a permis une gestion rapide et efficace des symptômes, avec une médiane de temps de réponse de l'équipe soignante de 13 h 41, en prenant en compte la nuit et les week-ends », souligne la Dr Franzoi dans un communiqué. « Les patients étaient informés qu’une réponse pouvait leur être apportée uniquement durant les heures ouvrées, et qu’elle ne pouvait se substituer à un passage aux urgences si besoin. Avec la télésurveillance, notre intention est d’identifier les symptômes avant qu’ils ne s’aggravent, et éviter au maximum les venues aux urgences et les hospitalisations », poursuit-elle.

Satisfaction des patients et des professionnels de santé

L’adhésion des patients, l’un des principaux défis à relever pour l’implémentation de la télésurveillance en soins courants en cancérologie, s’est révélée particulièrement forte dans l’étude, avec 82 % de participation hebdomadaire, et 90 % des patients ont rendu compte d’un impact positif dans leur prise en charge médicale. Notamment, l’étude incluait 45 % de personnes âgées pour lesquelles de précédentes études avaient noté une moins bonne adhérence.

La satisfaction était aussi élevée parmi les professionnels de santé : 87 % ont exprimé leur approbation quant à l'intégration de cette solution dans leur structure. Un an après la fin de l’essai, en mars 2024, tous les centres inclus dans l’étude avaient maintenu le programme et 18 centres supplémentaires l’ont activé après l’approbation par la Haute Autorité de santé (HAS) en octobre 2023 du remboursement de ce type de dispositif.

Une des forces de l’étude est la diversité des structures (centres de lutte contre le cancer, centres académiques, centres privés) ainsi que la variété territoriale des conditions d’accès internet, de disponibilité des professionnels de santé et de revenus des patients dans les centres inclus.


Source : lequotidiendumedecin.fr