La présentation de la nouvelle feuille de route du numérique en santé (2023-2027) a commencé par une démission fracassante, celle du président de l'Agence du numérique en santé (ANS), le Dr Jacques Lucas. « Ce qui m'a excédé, c'est que je n'occupais pas un espace assez grand dans la gouvernance. Or, j'ai toujours eu l'habitude d'être actif en matière de numérique en santé », confie-t-il aujourd'hui.
Cette démission révèle en creux les difficultés actuelles autour de l'appropriation des usages concrets du numérique en santé, au-delà des discours des tutelles. Au sein de l'ANS, le rôle principal du Dr Jacques Lucas – ancien spécialiste du numérique au sein de l'Ordre – était notamment de faire le lien avec la profession, exposée à des bugs en cascade en matière de logiciels ou d'outils digitaux. « Les médecins ont d'autres chats à fouetter que de s'occuper du numérique en santé, décrypte Jacques Lucas. S'ils subissent des pannes, la première fois ils comprennent, la deuxième fois, ils commencent à s'échauffer, la troisième fois ils laissent tomber ! Il faut les écouter dans leur dimension d'exercice professionnel. »
Une marche à monter
Le Dr Jacques Lucas ambitionnait justement de faciliter l'accès au numérique de ses confrères utilisateurs, l'objectif des autorités étant de développer rapidement tous les usages concrets – des prescriptions aux messageries sécurisées en passant par l’alimentation de Mon espace santé (MES). Mais il n'aurait pas eu l'autonomie suffisante pour agir. Ses critiques concernent aussi le manque d'évaluation de la feuille de route précédente et notamment la communication envers le grand public.
Brigitte Seroussi (Direction ministérielle du numérique en santé, DNS), juge la position du Dr Lucas sévère. Elle estime que l'évaluation a eu lieu et que les résultats sont prometteurs. À preuve, le DMP – alimenté par les professionnels de santé – atteindra 250 millions de documents fin 2023 et 400 millions fin 2026. « Ce sont des indicateurs qui engagent des usages », commente-t-elle. L'experte admet toutefois qu'« il y a encore une marche à monter afin que le professionnels de santé puissent récupérer les bénéfices du Ségur de la santé ».
Irritants
Car pour l'instant, les médecins ont tendance à ne percevoir que les inconvénients. Il y a chez eux « des grincements de dents, des irritants », admet Brigitte Seroussi. Au point qu'un dispositif « Sentinelle » – doté d'une équipe dédiée – a été mis en place pour faire remonter les bugs en vue d'une amélioration rapide.
Le ministère, l’ANS et l’Assurance-maladie entendent ainsi analyser les obstacles à l’usage des services numériques nationaux observés en médecine de ville, et mettre en place, en lien avec les éditeurs, les actions correctives concernant les logiciels référencés Ségur installés. Parmi les freins recensés, la difficulté de qualification de l’INS (identité nationale de santé) pour une partie des médecins de ville, le temps incompressible de déploiement des versions Ségur des logiciels et la prise en main des nouvelles fonctionnalités ou encore l’équipement des médecins en boîtes aux lettres MSSanté adaptées à leurs besoins, la navigation dans l’annuaire MSSanté et sa mise à jour en continu.
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