L’histoire est aberrante et macabre. Les faits, révélés par La Provence, ont pourtant été confirmés par les Hôpitaux universitaires marseillais (AP-HM) et le parquet de Marseille. Fin août, à l’institut médico-légal (IML) de la Timone, les corps de deux personnes, de sexe féminin, dont les noms de famille étaient identiques et les prénoms très semblables, ont été inversés par erreur. Le fils de l’une des défuntes, un marin-pêcheur marseillais, l’a appris seulement au mois de novembre, cinq mois après avoir dispersé en mer les cendres d’un corps, en pensant qu’il s’agissait de celui de sa mère.
Il y a environ deux semaines, le fils victime de cette erreur reçoit un appel de la police criminelle de Marseille, l’informant que « ce n’est pas ma maman que nous avons fait incinérer mais une autre dame qui est arrivée en même temps que ma maman », raconte-t-il à La Provence. Ce marin-pêcheur se rend le lendemain à l'Évêché, l’Hôtel de police de la cité phocéenne, où il procède à un test ADN pour vérifier que c’est bien le corps de sa mère, qui est toujours conservé à l’IML depuis son décès, le 3 août. L'été dernier, il avait relevé cet élément troublant : le premier corps lui avait été remis par l’institut médico-légal dans un cercueil scellé car il « n’était pas visible », rapporte-t-il. Or, les pompiers qui avaient découvert sa mère décédée, chez elle, « m’avaient laissé entendre que son corps était bien ».
Identification des défuntes conforme
Sollicité par Le Quotidien du médecin, le parquet livre son explication par écrit, en utilisant les lettres A et B pour distinguer les deux défuntes : « Après une levée de corps effectuée au domicile par un médecin légiste, chaque corps a été transporté à l’institut médico-légal de Marseille. Il s’agissait de pratiquer, sur instruction du parquet, pour l’une des défuntes (Mme A) un examen de corps externe et, pour l’autre (Mme B), un scanner et une autopsie. En dépit d’une identification des défuntes conforme à la réglementation, l’autopsie n’a pas été effectuée sur le corps de Mme B, mais sur celui de Mme A. La confusion a persisté puisque le corps de Mme B a été remis par l’IML à la famille de Mme A, qui a procédé aux funérailles selon les volontés exprimées par Mme A. »
L’institut médico-légal de la Timone a été alerté de « cette terrible erreur » par les services de police, explique l’AP-HM dans un communiqué, publié le 10 décembre. Et a « dès lors pleinement collaboré avec la police et la justice pour déterminer les circonstances exactes qui ont conduit à l’inversion de ces deux corps ». Dans ce même communiqué, le CHU marseillais présente « ses sincères excuses aux deux familles touchées ». Il témoigne également « son soutien aux équipes de l’IML, affectées par cet événement ». « Les professionnels se sont engagés dans une large démarche pour analyser les faits et s’assurer qu’ils ne puissent plus se reproduire », assure l’AP-HM.
Les deux familles ont été reçues par le procureur de la République. Le parquet a ouvert une enquête pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre et d’organisation de funérailles ayant un caractère contraire à la volonté du défunt » afin de comprendre les dysfonctionnements survenus à l’institut médico-légal et de déterminer d’éventuelles responsabilités. À présent, « la dépouille de Mme A, conservée à l’IML, va être remise à sa famille, qui pourra procéder à de nouvelles funérailles, dont les frais seront pris en charge par l’AP-HM », selon le parquet.
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