Après les médecins, le ministère de la Santé peut-il retisser le lien avec les élus locaux ? La plaie, béante, exige d'être suturée. Au-delà du mépris, Jean-Carles Grelier, député de la Sarthe (groupe LR) dénonce dans son livre (1) l'entre-soi de la haute administration, avenue-de-Ségur, qui échange les postes en vue au gré des alternances. Même les préfets, selon le député dans un entretien à Décision & Stratégie Santé, bénéficient d'une meilleure image. « Il est rare que les élus stigmatisent l'attitude méprisante d'un préfet. Il est loin de la Place Beauvau et proche sur le terrain des préoccupations de nos concitoyens. Cela change la donne. »
Ce procès a toutefois été instruit depuis des siècles, par Malesherbes au XVIIIe siècle, cité par Jean-Carles Grelier : « Voilà Sire par quels moyens on a travaillé à étouffer en France tout esprit municipal, à éteindre si on le pouvait, jusqu'aux sentiments des citoyens ; on a pour ainsi dire, interdit la Nation entière et on lui a donné des tuteurs. » La monarchie, il est vrai, n'avait pas inventé le concept de décentralisation.
New Deal avec les élus de terrain ?
Mais quelle serait la configuration d'un new deal qui impliquerait davantage les élus de terrain ? L'idée d'un Ondam régional est ici récusée. L'État doit assurer sa mission de régulation. « Nous avons comme exemple les contrats de plan signés entre la Région et l'État dans le secteur des transports. Pourquoi ne pas l'étendre demain à la santé en associant les Départements pour le secteur médico-social et les régions pour le secteur sanitaire avec l'État ? », avance Jean-Carles Grelier. Enfin, de réels pouvoirs seraient attribués à un conseil d'administration de l'ARS où siégeraient les élus des territoires et les usagers. Le directeur de l'ARS aurait pour mission d'exécuter les décisions du conseil. En attendant, le député LR applaudit des deux mains la réforme à condition que son objectif ultime ne se limite pas à générer des économies sur l'hôpital. La graduation des soins, loin d'une avancée, serait même un danger avec le risque collatéral d'une graduation des territoires où seul le citoyen près d'un CHU serait assuré d'une prise en charge optimale. « Je ne souhaite pas à terme que les hôpitaux de proximité deviennent les dispensaires des territoires avec la seule offre de santé pérennisée. » Le ministère ici n'a pas le droit à l'échec.
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