Dr Jacques Battistoni, président de MG France
« Au terme des négociations, le bilan est mitigé. Nous avions beaucoup d’attentes : revaloriser la profession, la rendre plus attractive, faire face à la demande de soins pour pallier la crise démographique... Face à ces attentes, le résultat est significatif… mais pas à la hauteur de ce que souhaitaient les médecins. Nous avons dû faire des choix en prenant en compte les contraintes financières. La revalorisation des visites à domicile était nécessaire – 35 euros la visite, c’était du bénévolat – puisque la télémédecine ne résout pas tout. C’est une bonne mesure, qui reconnaît l’importance du médecin traitant qui se rend chez les personnes âgées. Doubler la visite permet de répondre aux besoins des médecins, des patients mais aussi des élus territoriaux en attirant des médecins généralistes. »
Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF
« Nous sommes passés d’une enveloppe allouée par la Cnam de 100 millions d’euros à l'automne 2020 à 180 millions cet été. Il y avait donc un intérêt à refuser de signer en novembre ! Nous ne pouvions pas faire l’impasse sur une revalorisation avec une convention ayant lieu après la présidentielle. Nos deux réserves majeures concernent les volets médicaux structurés inclus dans le DMP – nous appelons au boycott – et le SAS. Ce dernier est l’énorme frustration et l'échec de cet avenant. On est en colère car c’est une priorité pour nous. Cet été, des services d’urgences fermaient à 18 heures, parfois même le week-end, on a donc renvoyé tous les patients à la médecine générale. Avec la Cnam, ça bloque sur le concept du SAS : nous ne partagerons pas notre agenda professionnel avec le centre 15. »
Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S
« L’UFML-S n’a pas voulu signer l’avenant 9 car cela revenait à reconnaître la convention médicale, or nous ne la reconnaissons pas. Nous ne nous attendions pas à grand-chose, mais au regard du système de soins qui s’effondre, nous nous attendions à un minimum ! L'État et la Cnam ne font rien pour éviter que le système s’effondre. Les mesures prises pour valoriser les visites ne veulent rien dire sur le plan sanitaire. Nous voyons ces patients âgés polypathologiques et dépendants bien plus que quatre fois par an. Nous comptons faire une alliance commune avec le SML et la FMF, une structure sera créée pour nous regrouper. Il est hors de question que nous attendions 2023 pour entamer les discussions conventionnelles. Nous irons, s’il le faut, les chercher avec les dents pendant la campagne présidentielle ! »
Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF
« Nous avons ressenti ces négociations en bilatéral comme un déni de démocratie, avec un intérêt accru de la Cnam pour les syndicats majoritaires. Au FMF, nous avons certes perdu en représentativité, mais sommes toujours représentatifs ! Ce furent de pseudo-négociations, alors que nous aurions pu, tous ensemble, taper du poing sur la table, mais nous ne l’avons pas fait. C’est dommage que des syndicats aient signé cet avenant. C'était un saupoudrage plus qu’autre chose puisqu’on n’a pas mis d’argent sur les consultations complexes ou les cas chroniques. Le SAS ? C’est un bide ! Tant qu’il y aura Ségur, il ne se fera pas et, pire encore, on est en train de démotiver les troupes en région. Arrêtons d’opposer l’hôpital et la ville, le 15 et la régulation par les généralistes : nous sommes complémentaires. »
Dr Philippe Vermesch, président du SML
« Il y a un problème de santé publique urgent : beaucoup de médecins partent à la retraite d’ici trois ans. Nous avions l’occasion, avec ces négociations, de nous réunir et de ne pas signer l’avenant. Nous repoussons la négociation conventionnelle en 2023, perdant ainsi deux à trois ans pour inciter les jeunes à s’installer. Cet avenant 9, que nous n’avons pas signé, n’est pas suffisant pour nous. Au SML, nous voulions six visites par an, car certains patients ne peuvent pas se déplacer et c’est une urgence : une partie de ces gens n’est pas vaccinée contre le Covid ! On veut une médecine simple et la mentalité de la Cnam reste sur des schémas dans lesquels elle vérifie et contrôle les médecins. Nous en avons ras le bol ! En France, 70 % des patients sont soignés par 30 % du budget alloué à la santé… »
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