Reportage

Dans le Doubs, les généralistes sur le pont pour médicaliser les courses de ski de fond

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Publié le 10/03/2022
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Comme bon nombre de compétitions sportives, les compétitions de ski de fond requièrent un encadrement médical. Le 27 février, près de Mouthe (Haut-Doubs), avait lieu la course du Truchet. Le Dr Valentin Courteille, médecin généraliste remplaçant, faisait partie de l’équipe de secours. Le Généraliste l’a suivi pour vous.

Crédit photo : Aude Frapin

Il est 8 h 30 ce dimanche 27 février lorsque le Dr Valentin Courteille, médecin généraliste remplaçant, enfile sa doudoune et de robustes chaussures en cuir.

Sur le mur extérieur de son chalet, le thermostat affiche 5 degrés… Mais la température ressentie chute brutalement avec la bise sèche et glaçante, typique du Haut-Doubs. Sans plus attendre, le Dr Courteille rentre dans l’habitacle de sa voiture. 

Le ski de fond, comme sport national

Ce matin, le généraliste fraîchement thésé encadre pour la première fois une compétition de ski de fond. Celle-ci est organisée à quelques kilomètres de chez lui dans la commune de Mouthe.

Là-bas, le ski de fond c’est un peu le sport national. « Les habitants des environs en font tous les week-ends de décembre à mars. Certains enfants vont même à l’école en ski », raconte le praticien avant de démarrer sa voiture.

D’ailleurs, lui aussi est un amateur de glisse. Lorsque le praticien n’a pas son stéthoscope autour du cou, il arpente les paysages enneigés du Hauts Doubs. Alors, lorsque le Dr Jean-Michel Guyon, médecin bientôt retraité qu’il remplacera dans un mois à la maison médicale de Mouthe, l’a sollicité pour la médicalisation de cette course, il n’a pas hésité une seconde. « C’est une très bonne expérience à prendre », concède-t-il.

Constituer sa trousse de secours

La médicalisation d’une course impose toutefois une certaine organisation. « Le départ de la course est à 10 heures, nous avons un peu plus d’une demi-heure pour constituer la trousse de secours », annonce l’omnipraticien en sortant de sa voiture et en se dirigeant vers son cabinet.

Dans la salle de stocks de médicaments et de dispositifs médicaux, le praticien réunit tout le nécessaire. Compresses, seringues, morphine, ventoline, cathéter, atèles… la trousse est bien remplie. « J'espère que nous n'aurons à nous servir de rien de tout ça », confie-t-il. Une fois ces dispositions prises, le praticien reprend sa voiture direction la complétion de ski.

Un médecin et deux secouristes pour 80 skieurs

Arrivé sur les lieux vers 9 h15, il retrouve Guy Scalabrino, l’organisateur de la course, qui est posté près de la tente médicale. « Comme la course a été déplacée en raison du manque de neige, il y aura finalement un peu moins de participants que prévu, environ quatre-vingt », annonce l'organisateur au praticien.

Malgré tout, la présence d’une équipe de secours reste obligatoire et même indispensable. « Nous avons un parcours de 9 km à surveiller, deux secouristes sont chargés de suivre les skieurs en motoneige. En cas de problème, ils préviennent le médecin par talkie-walkie » renseigne Guy Scalabrino.

En cas de blessures ou d'autres complications, c’est aux secouristes de rapatrier les blessés auprès du médecin qui les prendra en charge. Benjamin Bouillet, un des secouristes, présente son sac de secours accroché à sa motoneige. « J'ai des atèles pour les poignets et les genoux et des coques pour immobiliser les cervicales. J'ai également une bouteille d’oxygénothérapie », montre-t-il.

Se tenir prêt

Guy Scalabrino profite de cette mise au point pour fournir au Dr Valentin Courteille un défibrillateur portable, nécessaire en cas d’arrêt cardiaque…

Même si les risques qu’un tel événement survienne sont faibles, le Dr Valentin Courteille préfère s’assurer du bon fonctionnement de l’appareil pour être prêt à agir en cas de nécessité. « Il faut vérifier que le témoin visuel soit en état de marche, vérifier la batterie et les électrodes et s’assurer qu’il ne manque aucune pièce » explique-t-il en joignant ses paroles aux actes. « Nous pouvons en avoir besoin pour les skieurs mais aussi pour les spectateurs. Médicaliser une course implique une surveillance des deux parties », ajoute-t-il.

À 10 heures, le top départ est enfin donné. Les quelque quatre-vingts skieurs se lancent dans la course. Parmi eux, quelques professionnels, des semi-professionnels et des amateurs pas si amateurs… Sur les quatre-vingts compétiteurs, une quinzaine opte pour le parcours de 2 x 9 km, les autres, pour un circuit plus long (3 x 9 km). Les premiers arrivent après seulement une heure de course.

Heureusement, ce jour-ci, aucun accident n'est à déplorer. L'équipe de secours n'a pas à intervenir. Après avoir supporté les derniers skieurs, les participants, les organisateurs et l'équipe de secours se réunissent autour d'un vin chaud et d'un morceau de comté. « Alors Docteur vous reviendrez ? » lance Guy Scalabrino, en voyant arriver le Dr Courteille. « Bien sûr, c'était un bon baptême du feu ! », lui répond-il, sourire aux lèvres.

Il faudra toutefois être un peu patient et attendre l'hiver prochain pour voir la neige recouvrir à nouveau les cimes du Haut-Doubs et les skieurs fouler les pistes… 

 

Quelle assurance pour les médecins ?

Toutes compétitions de ski de fond nécessitent une médicalisation. Pour les compétitions sportives de moins de 500 participants (sportifs et spectateurs), les médecins doivent s’assurer que leur responsabilité civile couvre ce type d’événement. Pour les courses plus importantes, les médecins doivent souscrire à une assurance supplémentaire.


Source : lequotidiendumedecin.fr