Emmanuel Macron nomme Michel Barnier à Matignon, un homme de consensus peu connu des médecins

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Publié le 05/09/2024

Après plusieurs jours de consultations, Emmanuel Macron a tranché. Surprise du chef de l’État : Michel Barnier, figure de la droite, qui a multiplié les postes à responsabilité, y compris sur le plan européen, est nommé Premier ministre. Le Quotidien revient sur ses prises de position sur la santé et la Sécurité sociale.

Crédit photo : Roger Askew/Shutterstock/SIPA

La France sait désormais qui est le locataire de Matignon, près de deux mois – 51 jours pour être précis – après le résultat des législatives. Emmanuel Macron a choisi de nommer Michel Barnier, figure de la droite de 73 ans, membre des Républicains (LR) après avoir été au RPR et à l'UMP, et ayant occupé d’innombrables postes politiques au sein de la République.

Élu député de Savoie pour la première fois à 27 ans, en 1978, ce fils d’un père entrepreneur et d’une mère militante dans des associations sociales a été également sénateur à la fin des années 90, député européen dès 2009 et président du conseil général de Savoie (1982-1999).

Quatre fois ministre (Environnement sous Mitterrand lors de la cohabitation de 1993, puis Affaires européennes en 1995, Affaires étrangères en 2004 et enfin Agriculture sous Sarkozy en 2007), le Savoyard est aussi connu pour son passage à Bruxelles. Commissaire européen, il a surtout été remarqué à partir de 2016 en tant que négociateur en chef pour l’UE du Brexit. Des talents de médiateur qui lui seront sans doute utiles pour trouver des majorités dans une Assemblée morcelée.

Plus récemment, celui qui se définit parfois comme un « gaulliste social », avait été candidat à l’élection présidentielle de 2022, mais éliminé lors du congrès des LR de 2021, arrivant en troisième position (23,9 % des voix).

Pour un plan à l’hôpital, contre la surenchère administrative

Dans la campagne 2021, il n’avait pas fait de la santé son cheval de bataille mais défendu toutefois « un grand plan de recrutement, de formation et d'investissements pour nos hôpitaux publics ». Il s’était fait l'avocat d’un « choc d'attractivité » passant par l'augmentation des salaires, l'amélioration des conditions de travail et la lutte contre la « surenchère administrative ». 

Le Savoyard, qui a un frère médecin, avait estimé à cet égard que le Ségur de la santé a été « une formidable occasion manquée, une rustine ». Arnaud Robinet, patron de la FHF, lui a aussitôt adressé ses vœux de réussite, saluant « un homme de valeurs, de terrain et d’expériences, profondément européen, républicain et gaulliste ». Autres propositions déjà évoquées par Michel Barnier côté formation : la construction de maisons des internes « partout où elles seront nécessaires » et la prolongation d’un an de l’internat en médecine générale.

Carte Vitale biométrique, suppression de l’AME sauf urgence

Sur le plan des finances, Michel Barnier défendait la mise en place systématique de la carte Vitale biométrique pour lutter contre la fraude sociale. Le candidat à la candidature pour la présidentielle 2022 promettait à l'époque une « stricte trajectoire d'économies » pour le budget de l'Etat et une « maîtrise de la dette ». Pour stimuler l'activité, il préconisait de réduire les impôts de production de 10 milliards d'euros, et de baisser les charges sociales sur les salaires intermédiaires (de 1,6 à 2,5 Smic) tout en prévoyant d'augmenter les salaires dans les « services publics essentiels de la santé et de l'éducation ».

Sur la question de l’immigration, le candidat de la droite pendant la campagne de 2021 avait défendu des positions fermes : il proposait un moratoire sur l'immigration de trois à cinq ans, souhaitait limiter le regroupement familial et supprimer l'AME « sauf urgence ».

Actif lors de l’épidémie de Covid

Lors de l’épidémie de Covid-19, il avait été proactif, n’hésitant pas à réclamer la « vaccination obligatoire pour tout le monde » et des tests gratuits pour les non-vaccinés. L'ex-ministre de l'Environnement (de 1993 à 1995) avait critiqué vertement le pilotage de la crise sanitaire. « L'État a voulu gérer cette crise tout seul pendant trop longtemps et on en mesure les conséquences », analysait-il. Il considère que l’exécutif a « oublié les communes, les départements, les régions mais aussi les vétérinaires, pharmaciens et médecins libéraux qui avaient un rôle à jouer ». Faut-il y voir un avocat du terrain et des territoires face au centralisme jacobin ?

Une autre fonction occupée par Michel Barnier fait écho au secteur en 2006-2007 : vice-président du groupe Institut Mérieux (holding regroupant un ensemble de sociétés dans le domaine de la biologie). Il était notamment chargé d'animer les relations avec les grands organismes de santé internationaux.


Source : lequotidiendumedecin.fr