Le risque infectieux a beau être « faible » selon l’agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine, un millier de patients suivis au centre médico-dentaire associatif Asclepiade de Brive, en Corrèze, sont invités, « par précaution » à se faire dépister.
Ce centre a été fermé définitivement par l’ARS le 22 janvier pour des manquements graves à la qualité et la sécurité des soins. Des manquements qui, selon la tutelle régionale, ont pu « exposer les patients à un risque de transmission des virus de l’hépatite B, de l’hépatite C et du VIH ». D’où une campagne de dépistage, annoncée ce 14 mars, destinée à prévenir les risques infectieux.
Un médecin et deux dentistes
Ouvert il y a deux ans, avec un médecin généraliste et deux dentistes, ce centre de santé associatif, basé non loin de la gare de Brive, avait pour objet de « garantir l’accès à tous les citoyens à des soins de haute qualité dans le domaine médical, dentaire ou autres professions médicales ».
Mais il y a quelques mois, une alerte est lancée à l’encontre d’un dentiste du centre. Ce praticien sera suspendu pour une durée de cinq mois, avant d’être finalement radié.
Matériel non stérilisé
Le 11 décembre 2023, une équipe diligentée par l’ARS composée d’inspecteurs, de médecins et de pharmaciens se rend sur place pour une inspection. « Le matériel utilisé n’était pas stérilisé, les dates de péremptions des produits non respectées, les locaux étaient inappropriés et il manquait les équipements nécessaires à la pratique d’activités médicales », rappelle le président de l’Ordre départemental des médecins, le Dr Jean-Marie Chaumeil.
Une première suspension immédiate et totale de l’activité du centre de santé est mise en œuvre le 28 décembre, avec mise en demeure sous 15 jours de remédier aux manquements constatés.
À la suite d’une contre-visite de l’équipe d’inspection, le 15 janvier 2024, l’ARS constate que « le risque infectieux est toujours prégnant et la sécurité des patients n’est plus garantie ». La fermeture est alors actée conformément au Code de la santé publique, qui stipule qu’en « cas d’urgence tenant à la sécurité des patients […], le directeur général de l’ARS peut prononcer la suspension immédiate, totale ou partielle, de l’activité » d’un centre défectueux.
Un Corrézien sur cinq sans médecin
Pour le Dr Chaumeil, l’organisation même du centre médico-dentaire laissait à désirer. « Les assistants médicaux faisaient le travail et le médecin se contentaient de signer les ordonnances », assure-t-il. « Les soins n’étaient pas réalisés dans des conditions d’hygiène satisfaisantes. On pouvait effectivement avoir des problèmes de contamination. L’interdiction temporaire s’est transformée en interdiction définitive », continue-t-il.
Plus de mille personnes vont désormais recevoir des courriers pour les inviter à se faire dépister. Ils pourront se rendre en laboratoire avec une prescription de leur médecin traitant. Les 308 patients suivis à Asclepiade qui n’avaient pas de médecin traitant pourront se rendre au dispensaire du centre hospitalier de Brive. L’ARS a annoncé que chaque patient était informé des conditions de prises en charge et qu’elle financerait le reste à charge pour les patients sans mutuelle.
« Fermer ainsi un centre de soins est une première dans le département. C’est extrêmement rare », note le Dr Chaumeil. Qui précise : « Dans la situation actuelle où l’on manque de médecins, cela sera difficile pour les patients de trouver un médecin traitant. La décision n’est pas facile à prendre, mais on ne pouvait pas accepter que la qualité des soins soit ainsi altérée. »
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