« L’espoir fait vivre », c’est ainsi que le Pr Paul Frappé a conclu son discours d’ouverture du 16e Congrès médecine générale France (CMGF), ce jeudi 23 mars à Paris. Il réagissait ainsi à l’absence d’annonces « concrètes » dans une lettre transmise par le ministre François Braun, qui avait annulé sa venue.
Dans ce courrier, le locataire de Ségur affirme « mesurer le malaise et les difficultés exprimées par les médecins généralistes », dans ce contexte d’échec des négociations conventionnelles et d’attente du règlement arbitral. Des difficultés que le président du Collège de la médecine générale n’a pas manqué de rappeler dans son allocution, précédent la lecture de la lettre ministérielle.
De nombreux messages pour les tutelles
Paul Frappé a ainsi adressé de nombreux messages aux tutelles, invitant à ne pas céder « à la tentation de renforcer la pression sur une offre (de soins) déjà en surchauffe, au risque de la faire exploser, ni à la tentation d’un discours de sévérité qui ne pourra jamais ramener une autorité qui s’estompe ». Il a également affirmé : « nous avons besoin d’être entendus dans les problèmes que nous constatons chaque jour et dans les réponses fortes qu’ils attendent », balayant la tentation de proposer de la « câlinothérapie d’un côté, après avoir mis la pression de l’autre ».
« Ne jouez pas avec notre profession, ne jouez pas avec l’humanisme qui nous fait faire médecine, et alors qu’il n’existe pas de zone surdotée en médecins généralistes, proposez des solutions qui ont réellement une chance de fonctionner », a martelé le Pr Frappé.
Il a ensuite rappelé plusieurs demandes des généralistes. À commencer par le retrait de « tous les certificats absurdes », des « arrêts de travail de moins de trois jours, ces urgences administratives qui bousculent inutilement nos plannings ». Le président du CMG a défendu la fonction de médecin traitant, appelant les pouvoirs publics à « considérer la puissance de ce rôle, seul à même d’initier une prévention réellement individualisée, et d’accompagner le patient dans une relation au long cours, du ventre de la mère au ventre de la terre ». Sans oublier de « reconnecter la rémunération avec l’effort produit au quotidien ».
Il a par ailleurs partagé ses inquiétudes sur la formation, « initiale et discontinue ». Le Pr Frappé a pointé l’incertitude des étudiants toujours en attente d’annonces sur les conditions concrètes de la future 4e année de DES de médecine générale. Mais aussi la réduction des capacités de formation des maîtres de stage des universités. Il a toutefois espéré que la certification périodique qui se met en place « permettra d’instaurer enfin (un) système soutenant et apaisé ».
S'engager sur santé planétaire
La cérémonie d’ouverture a également été l’occasion de partager un autre engagement autour de la santé planétaire. Le directeur fondateur de Planetary Health Alliance, Samuel Myers, a alerté : « En tant que médecin nous avons une grande responsabilité, pas seulement en prenant soin des malades mais en réfléchissant à comment protéger la santé à l’avenir ». Avant de partager des tendances très inquiétantes. Il a par ailleurs appelé les généralistes à avoir des pratiques de soins plus vertes, s’assurer de suivre la santé planétaire et d’avoir conscience du rôle essentiel à jouer pour éduquer la prochaine génération. « Il ne peut y avoir de santé publique sans santé planétaire », a-t-il conclu.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier