Six organisations représentant des infirmiers salariés et libéraux* se sont unies pour déposer un recours devant le conseil d'État contre un texte réglementaire publié en juillet. À l’origine de ce courroux, l'arrêté du 3 juillet 2023 qui donne le feu vert aux aides-soignants, ayant au moins trois ans d'expérience professionnelle à temps plein, d'accéder directement à la deuxième année de formation en soins infirmiers. Cette dérogation est conditionnée à la validation d'un « parcours spécifique de formation » d'une durée de trois mois, incluant une période de stage de cinq semaines.
Selon Virginie Flamisset, présidente du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC, salariés), l'application de cette réforme est « aberrante » et va « à l'encontre » de la logique de « montée en compétences » et « d'universitarisation » engagée par le gouvernement. La refonte de cette formation est promise pour septembre 2024.
Selon les organisations, cette décision menace même la qualité des soins et entraînerait « une perte de chance pour les patients ». « Les infirmières libérales interviennent seules à domicile pour une prise en charge holistique avec souvent une analyse clinique. On ne peut pas travailler sans avoir ces compétences », prévient Ghislaine Sicre, présidente de Convergence infirmière.
Pétition
Alors que les infirmiers voient leurs compétences élargies (prescription de certains vaccins), « comment peut-on de l'autre côté de la chaîne, fragiliser leur socle ? », souligne l'avocat de ce collectif infirmier, Jean-Christophe Boyer. Les organisations se défendent d'être corporatistes. « On n'est pas opposés à l'entrée des aides soignants dans cette formation mais on doit la protéger pour qu’elle soit de qualité », insiste Emilie Chollet, vice-présidente du Ceepame (comité d'entente des écoles préparant aux métiers de l'enfance).
Outre ce recours, les représentants des infirmiers comptent engager « une bataille politique » en mobilisant les patients. « Nous irons aussi sur le terrain pour faire signer une pétition pour faire retirer ce texte », affirme Thierry Lamouroux, porte-parole du SNPI.
*Association nationale des puéricultrices DE (ANPDE) ; comité d’entente des écoles préparant aux métiers de l’enfance (Ceepame), comité d’entente des formations infirmières et cadres, Convergence Infirmière, Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI), Syndicat national des professionnels infirmiers (salariés)
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols