Lors d’une conférence de presse jeudi 20 juin, Gabriel Attal a présenté le programme de la majorité présidentielle pour les élections législatives, dont le premier tour aura lieu dans dix jours. Si le Premier ministre n’a pas évoqué directement la santé dans son discours – hormis la complémentaire santé publique qu’il compte mettre en place – le document associé détaillant les mesures fait état de propositions plus ou moins concrètes sur la santé.
La première concerne les déserts médicaux. La majorité rappelle qu’elle a supprimé le numerus clausus pour doubler le nombre de médecins en formation : « 16 000 en 2027 contre 8 000 en 2017 ». Toujours sur l’accès aux soins, peut-on lire, le gouvernement garantira « à chaque Français d’avoir dès cet été un médecin de garde à moins de 30 minutes du domicile ». Et il le confirme dans l’explication de ses 100 premiers jours d’action : dès le début du mois d’août, le service d’accès aux soins (SAS) sera opérationnel dans « 100 % des départements » ; et le plan d’urgence 18 heures-minuit/week-end sera bien en place.
Une vingtaine d’actes du quotidien aux mains des paramédicaux ?
Autre thématique détaillée : le temps médical. Pour simplifier « drastiquement l’accès à la santé » et « reconquérir 20 millions de rendez-vous médicaux par an », la majorité entend aller encore plus loin sur les délégations et partages de tâches déjà à l’œuvre. Il s’agit de permettre aux paramédicaux « de réaliser une vingtaine d’actes médicaux du quotidien », à l’instar de « la vaccination en pharmacie ou l’adaptation de la prescription de lunettes par les opticiens ».
La prévention n’est pas oubliée, en lien avec la santé des femmes et ses spécificités, lesquelles « restent encore moins prises en compte que celles des hommes ». La majorité présidentielle propose, « pour protéger » la santé des femmes, le développement des consultations de prévention sur l’endométriose, la ménopause et l’infertilité. « Les non-dits et les tabous conduisent à des pertes de chances », peut-on lire.
Des factures informatives en ville
D’ici à la fin de l’année, la majorité entend rembourser intégralement les fauteuils roulants « électriques et manuels », pour les personnes en situation de handicap moteur. Les complémentaires santé cofinanceront cette promesse du Président, au côté de l’Assurance-maladie.
Idée nouvelle chez les libéraux, qui va dans le sens de la transparence sur le fait que la santé n’est pas gratuite : la mise en place de « factures informatives » à partir de 2025, et ce « à chaque passage à l’hôpital ou en médecine de ville ». Cela permettra que « chaque Français connaisse le coût des soins et contribuera à mieux repérer les cas de fraude », assume la majorité.
La loi fin de vie de retour dès juillet ?
Dans le programme porté par Gabriel Attal figure toujours cette proposition de mutuelle publique à un euro par jour, « un élargissement de la complémentaire santé solidaire », affirme-t-on dans le texte, après l’étonnement du secteur mutualiste à la découverte de cette mesure. Il s’agirait d’un « droit nouveau pour des millions de Français », dépourvus de couverture complémentaire. Cette proposition vise en particulier les retraités, pour qui « la santé est parfois un luxe », a regretté le Premier ministre, précisant que cette réforme ferait économiser 90 euros à un retraité de 70 ans. Elle s’adresse aussi aux étudiants, aux indépendants ou demandeurs d’emploi.
Sur le plan législatif, le projet de loi sur la fin de vie serait remis à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale dès la troisième semaine de juillet, après un débat animé ces dernières semaines.
Sus aux fraudes
À partir octobre, période d’examen de la loi Sécu – en plus d’introduire la mutuelle publique à un euro par jour et le début du remboursement des fauteuils roulants – la majorité promet deux mesures concrètes. D’une part l’« élargissement du système de gardes en ambulatoire à d’autres professions de santé », par exemple aux infirmiers, sages-femmes et dentistes (une mesure qui avait été censurée par le Conseil constitutionnel en 2023). Et, d’autre part, une nouvelle vague de leasing social de véhicules électriques, ciblés en faveur des professionnels des métiers du soin.
La majorité présidentielle promet par ailleurs de poursuivre « une lutte implacable contre toutes les fraudes sociales et fiscales » après les résultats historiques en ce qui concerne l’Assurance-maladie, obtenus l’an passé. Un projet de loi en ce sens serait présenté dès la troisième semaine de juillet – sous réserve d’une majorité à l’Assemblée.
Soutien aux Padhue
Le programme d’« Ensemble pour la République » appelle à continuer à « accueillir des chercheurs de renom, des médecins, des étudiants à fort potentiel », notamment. Une façon de confirmer que les praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) et les étudiants en santé seront les bienvenus en France.
La recherche et les nouvelles technologies « en particulier dans la santé » bénéficieront d’investissements massifs, promet la majorité, tout en affirmant vouloir « simplifier la vie des chercheurs grâce à la loi de programmation de la recherche ». Un volet portant sur la relocalisation du médicament avait été largement porté lors de la campagne pour les européennes.
L’interdiction de l’accès aux réseaux sociaux avant 15 ans « pour protéger nos enfants des contenus haineux, pornographiques et du harcèlement en ligne » est mentionnée par le projet, même si cette réforme semble difficile à appliquer.
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