La loi de programmation de recherche (LPR) ne satisfait toujours pas les acteurs de la recherche en médecine générale.
En juin dernier, lors de la sortie de la première version du projet de loi, de nombreux syndicats et organisations s’étaient élevés contre le texte dénonçant une mainmise des CHU sur la recherche en santé, y compris celle en soins primaires.
C’est précisément l’article 24 du projet de loi qui posait problème. Celui-ci, le seul qui parlait de la recherche en santé, actait la création d’un « comité territorial de la recherche en santé autour de chaque centre hospitalier et universitaire (CTRS) », chargé de coordonner « sous la responsabilité du centre hospitalier et universitaire, la mise en œuvre de la politique de recherche clinique et de recherche en soins primaires ». Voir la recherche clinique en médecine générale et en soins primaires placée sous la coupe des CHU avait fortement déplu aux acteurs des soins premiers qui demandaient la réécriture de cet article et à ce que la responsabilité de la recherche en soins premiers relève des universités et non pas des CHU.
L’article en question avait finalement été réécrit une première fois donnant une responsabilité conjointe de ce CTRS aux CHU et à l’Université, avant d'être supprimé complètement par le Sénat mais aussi dans la version adoptée en commission mixte paritaire la semaine dernière.
Des effets délétères sur les soins et les installations
Mais si l’article controversé a été ôté, rien n’est venu le remplacer dans une LPR qui ne comporte aucune avancée pour la médecine générale. C’est en tout cas le sentiment qui prédomine chez ses acteurs et ce que dénoncent le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), le Syndicat national des enseignants en médecine générale (Snemg), le Collège de la médecine générale (CMG) et l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), dans un communiqué commun paru ce lundi.
Les différentes structures regrettent cette occasion manquée de faire avancer la recherche en médecine générale, compte tenu du déficit avec lequel elle part déjà et des conséquences qu’il a. « La médecine générale universitaire a fait beaucoup de propositions ces dernières années afin de permettre l’essor de cette recherche qui n’a pas les moyens de se développer malgré un fourmillement d’idées et de projets. Cette situation provoque une carence grave de données concernant tout le système de santé de première ligne. »
La première version du projet de loi manquait une nouvelle fois sa cible et la version finale élude complètement la question. « La recherche en médecine générale n’est pas une déclinaison de la recherche hospitalière. Elle ne porte pas sur les mêmes problèmes de santé, n’utilise pas les mêmes démarches ni les mêmes leviers et ne mobilise pas les mêmes acteurs », écrivent-ils. Constatant depuis des années que le financement de la recherche en soins primaires est sacrifié, ils demandent donc un subventionnement « autonome indépendant des dépenses hospitalières ». Selon eux, cette carence dans le financement de la recherche clinique française a de plus un impact sur l’attractivité du métier et l’installation des jeunes dans les territoires. « La paupérisation persistante de la recherche en médecine générale entrave le soin, les carrières des jeunes chercheurs en médecine générale et l’implantation de la médecine générale dans les territoires », concluent les représentants universitaires de la spécialité.
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