À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, le ministère de la Santé a présenté ce mercredi 1er décembre la deuxième feuille de route santé sexuelle 2021-2024. Un plan d’action qui reprend et étend certains objectifs qui devaient être atteints en 2020 mais qui n’ont pu être remplis à temps, crise sanitaire oblige.
Pour rappel, la France s’est dotée en 2017 d’une Stratégie nationale de santé sexuelle (SNSS) « qui fixe des objectifs et des jalons jusqu’à 2030 » pour améliorer à cette échéance la santé sexuelle des Français, explique le ministère. Dans le cadre de cette stratégie, une première feuille de route avait été définie pour la période 2018-2020.
Des progrès sur la formation des professionnels de santé
À l’heure d’élaborer un plan d’action pour la période 2021-2024, restait alors à dresser le bilan de cette première feuille de route.
Verdict : quelques succès, qui concernent surtout la formation des professionnels de santé, peuvent être soulignés. En effet, le ministère évoque surtout le service sanitaire, qui peut être centré sur des problématiques de santé sexuelle, et plus généralement l’intégration de la santé sexuelle au développement professionnel continu (DPC). « Il est hors de question de revenir là-dessus, il faut au contraire poursuivre dans cette voie », estime le ministère.
Des expérimentations encourageantes
De plus, quelques expérimentations lancées sur la période 2018-2020 apparaissent suffisamment prometteuses pour que la question de leur généralisation se pose. À l’image des trois centres de santé sexuelle à base communautaire « qui semblent fonctionner de manière très utile vis-à-vis des populations vulnérables ». C’est aussi le cas du "pass préservatif", qui permet actuellement aux moins de 25 ans de trois territoires particulièrement touchés par les infections sexuellement transmissibles (IST) d’accéder gratuitement à des préservatifs mais « pour lequel nous n’avons pas encore assez de recul », indique le ministère.
En revanche, certains objectifs n’ont pu être tenus. Et ce, « essentiellement à cause du Covid-19 ». « Nous avons constaté un arrêt brutal en 2020 de la demande de la part des publics des services que nous fournissions en matière de santé sexuelle et reproductive. Et depuis la remontée n’est que partielle et plus lente que ce que nous souhaitions », déplore en effet l’autorité sanitaire.
Recul du dépistage des IST
Domaine central de la santé sexuelle particulièrement touché par le phénomène : la lutte contre le VIH et plus généralement contre les IST.
En effet, comme le relevait le 30 novembre Santé publique France dans son bulletin de décembre, sous l’effet du premier confinement et des restrictions successives, le dépistage du VIH mais aussi de la syphilis et des infections à Chlamydia ou à gonocoque ont significativement reculé en 2020. Et ce, en dépit des progrès qui avaient été réalisés au cours des 6 années précédentes.
Aussi, le ministère souhaite « mettre le paquet » sur le dépistage en diversifiant les possibilités et simplifiant son accès. C’est le cas notamment avec la généralisation de l’expérimentation « au labo sans ordo », qui permet de réaliser gratuitement un dépistage du VIH dans tout laboratoire et sans ordonnance. Il sera aussi possible de commander des autotests en ligne. La téléconsultation devrait par ailleurs se développer dans les Centres gratuits de diagnostic et de dépistage (CeGIDD).
Promouvoir la PrEP grâce aux médecins généralistes
De plus, la prophylaxie pré-exposition (PrEP) du VIH a été fortement impactée. D’après des chiffres publiés le 1er décembre par le groupement d’intérêt scientifique (Gis) Epi-Phare, les initiations de ce genre de traitements ont marqué dès le début de la pandémie de Covid-19 « une diminution forte et durable », de sorte qu’« un redémarrage semble se dessiner au premier semestre 2021 (seulement) ». Rappelons par ailleurs le retard avec lequel avait été autorisée la primo-prescription de la PrEP par les généralistes.
La nouvelle feuille de route comprend donc des objectifs pour continuer à déployer la PrEP – ainsi que le TPE –, avec notamment une montée en compétence des généralistes à travers leur formation.
Des progrès à faire en orthogénie
Côté orthogénie, l’extension du remboursement de la contraception figure parmi les promesses manquées de la période 2018-2020, même si ce retard a commencé à être rattrapé. De fait, le PLFSS 2022 a d’ores et déjà entériné la prise en charge intégrale de la contraception pour les femmes de 18 à 25 ans. Mais la nouvelle feuille de route propose d’aller plus loin pour « renforcer le libre choix ». Pour ce faire, elle prévoit en effet d’étendre la gratuité de la contraception d’urgence, et compte des actions visant à mieux partager la charge contraceptive entre femmes et hommes.
En outre, alors que le délai légal permettant de recourir à une IVG fait encore débat, la priorité pour 2021-2024 reste « d’améliorer son accessibilité ». Pour cela, la feuille de route mise sur une diversification des lieux et des professionnels habilités à les pratiquer. Cela s’appuie notamment sur une montée en charge des IVG instrumentales en centres de santé, ou de la possibilité pour les sages-femmes d’en réaliser. Un travail sera également fait sur l’organisation des parcours pour les IVG tardifs, entre 10 et 12 semaines de grossesse, « afin qu’il n’y ait pas d’accroc dans les réponses, et que la femme dès son premier rendez-vous soit tout de suite bien orienté », souligne le ministère.
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