Quelles sont vos priorités pour ces élections aux URPS ?
Dr Corinne Le Sauder : La priorité des priorités est de faire en sorte que les médecins puissent retrouver leur cœur de métier et exercer dans des conditions optimales. Pour cela, il faut nous redonner de la confiance et du respect, nous protéger, simplifier les cotations et revaloriser les actes.
La CSMF et MG France réclament un C à 30 euros, le SML à 40. Quid de la FMF ?
Dr C. L. S. : Nous n’avons pas vraiment défini de montant. Le C est une valeur de base, ce n’est pas automatiquement la valeur de tous les actes de médecine générale. Aujourd’hui, les généralistes ne voient plus que des cas complexes, avec des patients polypathologiques. Le C n’est plus suffisant. Il faut revaloriser les actes au niveau européen. Cela permettrait d’optimiser notre travail, de déléguer l’administratif, de payer du personnel. Le temps que nous passons à faire le ménage ou de la paperasse pourrait être accordé à nos patients. Mais actuellement, les autorités redoutent qu’en donnant un peu plus d’argent aux médecins, ces derniers en abusent. C’est pour cela que je parle d’un problème de confiance. Nous sommes des gens honnêtes et faisons le maximum pour nos patients et la santé publique.
Vous recommandez de simplifier la nomenclature, comment ?
Dr C. L. S. : Il faut effectivement la revoir complètement, elle n’a pas bougé depuis vingt ans. Il faut l’adapter au coût de la vie actuelle, qui a évolué. Et il faudrait la réviser régulièrement. Les médecins généralistes doivent également pouvoir coter des actes cliniques et techniques à taux plein car ils disposent de plus en plus d’outils, comme des écho-dopplers. Cela permettrait aux praticiens d’avoir du bon matériel et de le renouveler régulièrement. Simplifier la nomenclature est également très important : la CCAM convient aux grosses structures qui ont du personnel dédié, pas aux médecins libéraux, qui auraient certainement des revenus supérieurs si leurs actes étaient bien cotés.
En quoi consiste le « vrai forfait structure » que votre syndicat défend ?
Dr C. L. S. : Nous ne voulons plus de la Rosp (rémunération sur objectifs de santé publique), qui ne poursuit pas un objectif de santé publique mais uniquement de rentabilité. L’argent actuellement alloué à la Rosp pourrait être redispatché entre les consultations et le forfait structure. On nous dit qu’avec les forfaits, le vrai tarif de la consultation en France est de 34 euros : qu’on nous montre que c’est vrai ! Ce forfait structure ne devrait pas être soumis à l’appartenance à une structure coordonnée, comme il est prévu que ce soit le cas à partir de 2022. Ce serait faire fi de 70 % des médecins libéraux, qui ne travaillent pas dans une telle structure mais qui ne sont pas isolés pour autant. Ce vrai forfait structure favorisera la qualité, ce qui fera même éventuellement gagner de l’argent à la Sécu. Les médecins pourront accorder plus de temps à leurs patients, des examens complémentaires ne seront pas redemandés et certaines choses pourront être réglées rien qu’en parlant avec le patient.
L’équipe dirigeante de la FMF a été considérablement renouvelée ces derniers mois. Est-ce un avantage ou un inconvénient pour le scrutin ?
Dr C. L. S. : C’est un avantage énorme ! Le fait d’avoir féminisé et rajeuni notre équipe nous confère une ouverture d’esprit. Il y a une recrudescence de jeunes médecins qui s’intéressent à nous et partagent notre vision des choses. On a envie de faire bouger les lignes, avec des idées nouvelles. Nous sommes plus portés sur la qualité de vie. En tant que femme, j’ai toujours eu cette vision, qui est complémentaire de celle des hommes. Les médecins ont le droit à une autre vie que leur vie professionnelle. On ne naît pas médecin généraliste, on le devient. Par contre, on en meurt beaucoup. Soignons nos soignants. Quand on est bien dans sa peau, on soigne bien les gens.
Vous vous êtes battue pour la création de l’avantage maternité, quelles sont les améliorations à lui apporter ?
Dr C. L. S. : Effectivement, je me suis battue pour cela et nous avons obtenu des avancées importantes. Mais c’est encore améliorable. Ce forfait ne convient pas à toutes car il n’est pas proportionnel aux charges et aux gains. Les médecins, qui travaillent beaucoup, doivent pouvoir avoir un enfant sans emprunter comme ma génération a pu le faire ! Plus de 60 % des médecins de moins de 40 ans sont des femmes. Pour l’heure, beaucoup de jeunes font d’abord leur (un) bébé avant de s’installer. C’est dommage d’avoir ce retard à l’installation dans une phase où beaucoup de médecins partent à la retraite. En améliorant la protection maternité-paternité-adoption, les médecins en fin de carrière pourraient commencer à baisser un peu la cadence.
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