Le traitement des cancers œsogastriques (COG) avancés ou métastatiques a longtemps reposé sur la chimiothérapie, avec un pronostic assez sombre. Depuis l’année dernière (ESMO 2020), l’immunothérapie fait son entrée, associée à la chimiothérapie (1). L’étude internationale de phase III CheckMate 649 avait montré le bénéfice à un an de l’association du nivolumab à la chimiothérapie en termes de SSP et de SG, menant à son approbation aux États-Unis et plus récemment en Europe (17/08/2021).
Un bénéfice en survie
CheckMate 649 a inclus 2 031 patients atteints d’un COG-gastrique (70 %), de la jonction œsogastrique (17,8 %) ou d’un adénocarcinome œsophagien (12.5 %)- non traités, non résécables, à un stade avancé ou métastatique, quelle que soit l'expression du PD-L1 (59,8 % de CPS PD-L1 ≥ 5) ou la présence d’une instabilité des microsatellites (MSI : 2,8 %). Une partie de la cohorte (1 581 patients) a été randomisée pour recevoir la chimiothérapie (XELOX ou FOLFOX) seule ou associée au nivolumab.
Selon les résultats présentés cette année après deux ans de suivi (2), l’association nivolumab-chimiothérapie confirme l’amélioration de la SG par rapport à la chimiothérapie seule (13,8 mois versus 11,6 mois), avec une réduction de 21 % du risque de décès (HR=0,79). Celui-ci était même réduit de 30 % chez les patients PD-L1-CPS ≥ 5, avec une médiane de survie atteignant 14,4 mois dans le bras nivolumab (versus 11,1 mois). La SSP est aussi significativement plus longue sous nivolumab (7,7 versus 6,9 mois), dans toute la population. Les résultats sont similaires chez les patients PD-L1- CPS ≥ 5.
Le pourcentage de réponse objective était aussi significativement augmenté par le nivolumab (58 % versus 46 %), ainsi que la durée de réponse (8,5 versus 6,9 mois) dans toute la population.
Le profil de tolérance est conforme aux autres essais menés avec le nivolumab. Le taux d’événements indésirables graves (grade 3-4) était de 17 % dans le bras nivolumab versus 10 % sous chimiothérapie seule. Les complications à médiation immunitaires sous nivolumab étaient en majorité de grade 1 ou 2 ; les grades 3 concernant moins de 5 % des cas.
« Les données à plus long terme de CheckMate 649 confortent le bien-fondé de l’association du nivolumab à la chimiothérapie, qui devrait devenir le nouveau standard thérapeutique en première ligne de traitement des cancers œsogastriques », affirmait la Dr Yelena Janjigian (États-Unis) en présentant les résultats.
Trois études chinoises divulguées à l’ESMO ont également fait la preuve de l’efficacité des anti-PD-L1 en association avec la chimiothérapie dans le carcinome épidermoïde de l'œsophage avancé ou métastatique : JUPITER-06 avec le toripalimab, Orient-15 et Orient-16 avec le sintilimab.
Déception pour nivolumab-ipilumumab
Au total, 813 patients ont été randomisés pour comparer la combinaison nivolumab-ipilimumab à la chimiothérapie. Après un suivi de 35,7 mois, la SG est identique, y compris pour les patients PD-L1-CPS 5. Il n’y a pas de bénéfice non plus sur la SSP. Chez les patients MSI+, la SG est meilleure mais l’échantillon est trop faible pour en tirer une conclusion. De plus, les évènements indésirables graves (grade3-4) sont plus fréquents (23 % versus 12 %).
(1) Janjigian Y et al. Lancet 2021 Jul 3;398(10294):27-40
(2) Janjigian Y et al. ESMO Congress 2021, Abstract LBA7
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