« Au vu des nombreux paramètres à prendre désormais en compte dans le choix thérapeutique, des algorithmes peuvent permettre d'être plus performants tout en assurant une reproductibilité des stratégies thérapeutiques et l'égalité des chances sur tout le territoire. C'est un enjeu crucial », résume le Pr Fabrice Barlesi (Aix Marseille Université, AP Hôpitaux de Marseille).
Démembrement moléculaire et médecine de précision
Avec le démembrement moléculaire des tumeurs, certains cancers ne sont plus à considérer comme un tout mais comme plusieurs maladies. Le cancer du sein en est l'exemple. Le plus ancien avec les cancers à récepteurs hormonaux et récepteurs HER2. « Mais aujourd'hui dans des cancers comme celui du poumon non à petites cellules, on est devant des tumeurs associées dans 50 % des cas à des altérations spécifiques dont certaines très rares ne représentent que 1 % des cas. Il va être difficile pour le clinicien de retenir des informations concernant 1 % des tumeurs, qu'il ne rencontrera peut-être jamais dans sa pratique. Et l'analyse plus large du génome tumoral avec les techniques NGS ou whole exome complique encore la donne ». Quand plusieurs altérations coexistent laquelle faut-il cibler ? Plusieurs études cliniques de médecine de précision utilisent déjà des algorithmes de décision (études SAFIR, MOSCATO…) en recherche. Et la problématique qui est déjà complexe au sein d'essais cliniques le sera encore plus en pratique clinique. Devant la masse d'informations à intégrer, des algorithmes peuvent donc être très utiles.
Un enjeu important pour les cliniciens
« La construction de ces algorithmes fait appel à de très nombreuses données. Elles ne doivent pas être aux seules mains des industriels de l'informatique, tels Google ou Microsoft, ni à celles des industriels de santé. Il faut garder le contrôle sur leur construction et y participer activement », souligne F Barlesi. Les instances académiques doivent être largement impliquées dans leur mise au point et leur validation. Le plan transgénomique 2025 prévoit d'ailleurs la création d'un centre national collectant l'ensemble des données d'analyse moléculaire. Cette base de données pourrait permettre de tester, revalider les algorithmes proposés. Les enjeux sont en effet importants. « Enfin, ces algorithmes doivent rester un outil sans emprisonner le médecin dans sa pratique ». Le praticien ne doit pas pour autant devenir le simple bras armé d'une machine à prescription.
D'après un entretien avec le Pr Fabrice Barlesi (Aix-Marseille université, AP Hôpitaux de Marseille)
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