La communauté cardiologique doit se mobiliser face à l’augmentation de la fréquence (5 700 000 Français atteints) et de la sévérité des maladies rénales chroniques (MRC). Leur pronostic est avant tout cardiologique : un patient de plus de 65 ans atteint de MRC a six fois plus de risque de décès cardiovasculaire que de défaillance rénale terminale. Et les néphrologues sont un peu moins de 2 000 ; nous sommes quatre fois plus nombreux et nous voyons ces patients avant eux, les facteurs de risque des maladies cardiaques et rénales étant identiques, dominés par l’hypertension artérielle, l’obésité, le diabète, certaines dyslipidémies (hypo-HDL-cholestérolémie) et l’avancée en âge.
Les cardiologues doivent déjà participer au diagnostic des MRC, en mesurant simplement sur échantillon urinaire deux biomarqueurs, la créatininémie avec calcul du débit de filtration glomérulaire estimé (DFGe) et le rapport albuminurie/créatininurie (RAC), chez tous les patients à risque : hypertendus, diabétiques, obèses, présentant un profil cardio-métabolique, athéromateux, insuffisants cardiaques, porteur d’une fibrillation atriale. Un DFGe < 60 ml/min/1,73 m2 et/ou un RAC > 30 mg/g définissent l’existence d’une MRC.
Les patients les plus sévères, présentant un DFGe < 30 ml ou un RAC > 300 mg/g, seront alors adressés à nos confrères néphrologues. Mais pour les autres patients, nous devons directement mettre en route un traitement néphroprotecteur, afin de ralentir la progression de la MRC. Cela est d’autant plus aisé que les différents traitements indiqués dans ce cadre sont également cardioprotecteurs, et utilisés déjà quotidiennement en pratique cardiologique.
Il s’agit, en 2025 en France, des bloqueurs du système rénine-angiotensine, IEC ou ARA2, et des inhibiteurs SGLT2 à la dose unique de 10 mg, qui améliorent tant le pronostic rénal que cardiaque, diminuant notamment le risque d’apparition d’une insuffisance cardiaque, particulièrement élevé chez ces patients.
Pour les patients diabétiques de type 2, il faudra, quand il sera disponible en France, y associer un antagoniste non stéroïdien des récepteurs minéralocorticoïdes, la finérénone, en l’absence d’insuffisance rénale sévère ou d’hyperkaliémie, ainsi qu’un agoniste des récepteurs du GLP-1, le sémaglutide, dont l’association avec les inhibiteurs SGLT2 a un effet favorable additif, voire synergique.
Ainsi, les cardiologues doivent occuper une place majeure dans le dépistage et le traitement des MRC, en collaboration avec nos amis néphrologues… Souvenons-nous que ces deux spécialités appartenaient autrefois à la même discipline !
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