DEUX META-ANALYSES parues en 2012, ont permis de connaître l’effet réel d’une supplémentation en acides gras oméga 3 sur le pronostic cardio-vasculaire. La première, publiée en avril dans Archives of Internal Medicine, n’a pris en compte que des essais thérapeutiques conduits en double aveugle contre placebo en prévention cardio-vasculaire secondaire. Dans ce travail regroupant quatorze essais thérapeutiques ayant inclus 20 485 patients, il n’a pas été mis en évidence de diminution des événements cardio-vasculaires et/ou de la mortalité totale et/ou du risque de mort subite avec une supplémentation en acides gras oméga 3. La seconde, parue en septembre dans le JAMA, a pris en compte tous les essais thérapeutiques, conduits en double aveugle ou non, en prévention primaire ou secondaire. Elle a analysé les données de vingt essais thérapeutiques regroupant 68 680 patients et est arrivée à la même conclusion que la précédente.
Par ailleurs, en juin 2012 sont parus dans le New England Journal of Medicine les résultats de l’étude ORIGIN. Cet essai a évalué en double aveugle contre placebo, l’effet d’une supplémentation en acides gras oméga 3 chez 12 536 patients ayant un diabète ou une hyperglycémie à jeun qui ont été suivis 6,2 ans en moyenne. Là encore, même résultat que ceux des méta-analyses : pas de réduction du risque d’événement cardio-vasculaire, et notamment pas de réduction du risque de mort subite.
L’étude OPERA.
Cet essai avait pour objectif de déterminer si, comparativement au placebo, une supplémentation en acides gras oméga 3 pouvait diminuer le risque de survenue d’une fibrillation atriale (FA) dans les suites d’une chirurgie cardiaque. Le traitement a été prescrit avec une dose de charge préopératoire (10 g), puis à la dose de 2 g par jour jusqu’à la sortie du milieu hospitalier.
Dans cet essai qui porte sur 1 516 patients qui ont eu, à part égale, soit une chirurgie de pontage coronaire, soit une chirurgie valvulaire, il a été comptabilisé 661 épisodes de FA postopératoire chez 460 patients. Au terme du suivi prévu de 10 jours, il n’y a eu aucune différence significative dans l’incidence de la FA postopératoire entre les groupes comparés : 30,7 % dans le groupe placebo et 30 % dans le groupe oméga 3 (RR : 0,96 ; IC 95 % : 0,77-1,20 ; p = 0,74).
L’étude FORWARD.
Ce travail a évalué contre placebo, si une supplémentation par des acides gras oméga 3 avait un effet préventif sur le risque de récidive chez des patients ayant une FA paroxystique ou une FA persistante ayant pu être réduite par cardioversion. Au total, 586 patients ont été inclus et suivis en moyenne 12 mois. Au terme de ce délai, il n’y a pas eu de différence significative entre les groupes concernant le critère primaire, c’est-à-dire la première récidive de FA. L’incidence a été de 23,9 % dans le groupe traité et de 18,9 % dans le groupe placebo (RR : 1,28 ; IC 95 % : 0,77-1,89 ; p = 0,171).
Mauvaise année pour les acides gras.
Au terme des données publiées et présentées lors de l’année 2012, dont certaines ont permis une synthèse de l’ensemble des données publiées, il n’y a plus de preuve valide qu’une supplémentation par des acides gras oméga 3 permette d’améliorer le pronostic cardio-vasculaire, tant en prévention primaire que secondaire. Il n’y a plus non plus de preuve qu’un tel traitement puisse réduire le risque de mort subite et/ou le risque de fibrillation atriale.
D’après la communication de Alejandro Macchia (Argentine). Omega-3 fatty Acids for the Prevention of Recurrent Symptomatic Atrial Fibrillation: Results of a double-blind randomized clinical trial (FORWARD) et de Roberto Marchioli (Italie). Fish Oil for the Prevention of Post-Operative Atrial Fibrillation - The Omega-3 Fatty Acids for Prevention of Post-Operative Atrial Fibrillation (OPERA) Trial.
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