Sortie précoce après un accident vasculaire cérébral

Un enjeu médico-économique

Publié le 04/09/2014
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Crédit photo : PHANIE

La durée de séjour en unité neurovasculaire comme en service de réadaptation devrait être la plus courte possible tout en assurant une rééducation de qualité. C’est le concept de l’Early Supported Discharge développé en particulier par Pr Peter Langhorne (Glasgow).

En France, lorsque les déficits sont relativement simples et isolés, le patient peut aisément rentrer à domicile où il bénéficiera de séances de kinésithérapie et/ou d’orthophonie en libéral. En revanche, lorsque les séquelles de l’accident vasculaire cérébral (AVC) sont plus complexes et associent déficits moteurs, sensitifs, sensoriels, cognitifs… la rééducation est plus délicate et requiert l’intervention de plusieurs professionnels de santé dont certains comme les ergothérapeutes non remboursés par l’assurance-maladie. Dans ce cas la rééducation peut être pratiquée 2 à 3 fois par semaine pendant plusieurs mois dans un centre de médecine physique et de réadaptation en hospitalisation de jour. Ces structures d’hôpital de jour se développent depuis dix ans et assurent une rééducation intense et prolongée, mais elles supposent que le patient soit bien entouré et vive à moins de 30 minutes d’un centre.

Des équipes mobiles pour organiser les soins

Les équipes mobiles de médecine physique et de réadaptation, composées de médecins de Médecine physique et réadaptation (MPR), d’assistantes sociales, d’ergothérapeutes constituent un outil essentiel pour faciliter la sortie précoce. Elles suivent les patients atteints d’AVC ou d’autres problèmes neurologiques dans les divers services d’hospitalisation, visitent le domicile pour préparer le retour, établissent les liens avec le médicosocial, notamment la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), facilitent les demandes de prestations complémentaires, organisent la rééducation et la réadaptation ambulatoires. Contrairement à ce qui se fait dans d’autres pays, la plupart des équipes mobiles en France structurent la prise en charge mais ne pratiquent pas de soins, le maillage en professionnels de santé libéraux étant assez riche dans notre pays. « Pour des patients présentant des handicaps lourds, nous souhaiterions étendre le système d’hospitalisation à domicile dans un but de réadaptation, encore peu développé en France, qui permet au patient de recevoir à domicile des soins dispensés par l’hôpital avec des professionnels libéraux avec lesquels il contractualise », précise le Pr Yelnik.

Un transfert de la charge de soins vers les aidants familiaux

Les données de la littérature concordent pour prouver que la sortie précoce est bénéfique sur le plan économique sans augmenter le risque de complications chez le malade. La récupération est identique par rapport à un séjour prolongé et pourrait même être légèrement supérieure mais on manque encore de preuves définitives.

Cependant ce retour précoce à domicile précoce s’appuie sur l’entourage familial. « C’est le point faible du système puisqu’on transfère sur les aidants familiaux une charge physique et psychologique qui n’est absolument pas prise en compte dans le système de soins. Certaines publications alertent sur les difficultés de ces aidants et nous devons réfléchir à la manière dont nous pouvons les aider », affirme Alain Yelnik.

D’après un entretien avec le Pr Alain Yelnik, hôpital Lariboisière, Paris.

Dr Maïa Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du Médecin: 9345