L’alopécie androgénétique est la cause la plus fréquente d’alopécie diffuse chez l’homme (prévalence de plus de 50 % après l’âge de 50 ans) et chez la femme (prévalence de 40 % après l’âge de 60 ans). Elle peut débuter à l’adolescence, voire dans l’enfance.
Elle est d’origine multifactorielle, impliquant des facteurs hormonaux (imprégnation androgénique) et génétiques, surtout mis en évidence chez l’homme (notamment le gène Eda2r, localisé sur le chromosome X), moins chez la femme.
Cette alopécie se caractérise par une miniaturisation progressive des follicules pileux, avec une variabilité du diamètre des tiges et un raccourcissement de la phase anagène. Sa sévérité est évaluée selon les classifications d’Hamilton et Norwood chez l’homme, et de Ludwig, Sinclair et Olsen chez la femme.
Pas de bilan complémentaire sauf signe d’appel
La trichoscopie est utile au diagnostic positif et permet d’éliminer les diagnostics différentiels, tels que l’effluvium télogène (dérèglement capillaire fréquent chez la femme), la pelade ou encore l’alopécie cicatricielle. La plupart du temps, aucun bilan biologique n’est nécessaire, sauf en présence de signes d’appel (bilan thyroïdien, ferritinémie, dosage de la vitamine D, dosages hormonaux si suspicion d’un syndrome des ovaires polykystiques).
La perte des cheveux peut peser sur la qualité de vie et entraîner une perte de l’estime de soi, source de scores accrus d’anxiété et de dépression, ce qui souligne l’importance d’une prise en charge thérapeutique.
Plusieurs traitements autorisés ou non
Les dernières recommandations européennes, publiées en 2018 dans le Journal de l’Académie européenne de dermatologie et vénérologie (JEADV), proposent, avec un niveau de preuve gradé 1 :
• chez l’homme : finastéride 1 mg/j (sous surveillance de l’ANSM), dudastéride 0,5 mg/j (hors AMM en Europe et aux États-Unis) ou minoxidil 5 % x 2/j ;
• chez la femme : minoxidil solution à 2 % (x 2/j) ou mousse à 5 % (x 1/j).
« Le recours aux traitements locaux autorisés n’est pas toujours possible, du fait des contraintes que cela entraîne et de la peur d’effets indésirables », souligne la Dr Anastasia Therianou (Royaume-Uni). Les patients doivent être informés de la possible survenue d’effets indésirables, le finastéride (et le dutastéride le cas échéant) devant être évité(s) chez les personnes avec des antécédents de dépression ou de dysfonction sexuelle. Enfin, le finastéride ne doit pas être utilisé chez la femme en âge de procréer.
Le dutastéride, qui a une AMM dans cette indication au Japon et en Corée du Sud, est, comme le finastéride, un inhibiteur de la 5 alpha-réductase, mais plus efficace que ce dernier et doté d’un même profil de tolérance (sa longue demi-vie impose la prudence chez la femme en âge de procréer). Il a été évalué en infiltrations de mésothérapie dans trois essais randomisés contrôlés, et s’est révélé supérieur au placebo.
Le recours à la greffe de cheveux et à la photobiomodulation (application de lumière basse énergie) ont un niveau de preuve gradé 2 chez l’homme et respectivement 4 et 2 chez la femme. Les injections de PRP (plasma riche en plaquettes) ont un niveau de preuve 3 dans les deux sexes, tout comme le traitement hormonal chez la femme.
Le minoxidil per os s’est également montré efficace à faibles doses, mais de larges essais randomisés multicentriques font défaut.
Chez la femme, la spironolactone, diurétique à effet anti-androgénique, est utile en cas de signes d’hyperandrogénie (acné, hirsutisme, syndrome des ovaires polykystiques). Le traitement est débuté à faible dose, avec titration progressive (50 à 200 mg/j), le plus souvent administré en association au minoxidil en topique. Il est bien sûr contre-indiqué au cours de la grossesse.
« De façon générale, il est essentiel d’expliquer au patient que l’efficacité du traitement, quel qu’il soit, demande de 6 à 18 mois, et qu’il ne faut pas attendre des résultats en un trimestre », souligne la spécialiste. Il est recommandé de prendre des photographies pour attester de l’évolution.
Communication de la Dr Anastasia Therianou, Royaume-Uni
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