LA FLORE INTESTINALE ou microbiote intestinal est constituée de près de mille espèces bactériennes différentes qui peuplent le tube digestif et se nourrissent en partie de ce que nous ingérons.
Chaque individu est doté d’une flore intestinale spécifique et d’un métabolisme qui diffère suivant le régime alimentaire suivi.
Des études antérieures ont montré, chez la souris, qu’une alimentation riche en graisse est capable de déséquilibrer la flore intestinale entraînant ainsi des maladies métaboliques telles que le diabète ou l’obésité.
L’équipe de Rémy Burselin et Matteo Serino, chercheurs dans l’unité INSERM 1048, université Toulouse III-Paul Sabatier, a étudié des souris mâles du même âge et aux mêmes caractéristiques génétiques, nourries pendant trois mois avec une alimentation riche en graisse (1).
La plupart d’entre elles sont devenues diabétiques tout en restant maigres, mais quelques-unes, toujours maigres, sont restées non diabétiques.
Pourquoi cette différence ? Les chercheurs se sont penchés sur le profil microbien de ces deux phénotypes de souris. Ils ont montré que les bactéries de la flore intestinale n’étaient pas présentes en même quantité chez les souris selon qu’elles étaient diabétiques ou non.
Les diabétiques sont caractérisées par une flore composée majoritairement de bactéries de type « Bacteroidetes » à la différence des souris maigres non diabétiques caractérisées par une flore composée majoritairement de bactéries de type « Firmicutes ».
La flore intestinale est-elle la cause ou la conséquence des maladies métaboliques ? Pour répondre à cette question, l’équipe de Rémy Burcelin a modifié directement la flore intestinale d’un groupe de souris en ajoutant à leur régime à haute teneur en graisse, des fibres alimentaires, des gluco-oligosaccharides.
Résultat : « le métabolisme des souris traitées avec ces fibres est proche de celui des souris maigres et non diabétiques. Cependant, la flore intestinale des souris traitées avec les fibres est devenue très différente par rapport à celle des autres phénotypes observés », précise Matteo Serino. Il ajoute : « La flore intestinale pourrait orienter le métabolisme vers un état diabétique, ou non, suivant son profil. Si on ne peut pas comparer la flore bactérienne d’une souris à celle d’un homme (2 % seulement de superposition), certains mécanismes inflammatoires, liés à certaines bactéries comme le Faecalibacterium prausnitz, semblent être les mêmes. »
Les bactéries présentes dans la flore intestinale pourraient prédire la survenue d’un diabète. Il est possible, qu’une supplémentation en fibres, ciblant la flore intestinale, empêche l’apparition de maladies métaboliques (comme le diabète) même en cas de régime riche en graisse, concluent les auteurs.
Greffe de flore intestinale
Une équipe française dirigée par T. Leroy, suggère qu’une greffe de flore intestinale pourrait prévenir la survenue du diabète et de la stéatose hépatique non alcoolique (2).
Les chercheurs ont testé l’effet d’un transfert de flore chez la souris au cours d’une étude de 16 semaines. Un groupe recevait la flore issue de souris ayant un diabète et une stéatose hépatique secondaires à une suralimentation, un autre groupe recevait celle de souris suralimentées mais indemnes de troubles métaboliques.
Les souris du premier groupe ont développé une insulinorésistance et une stéatose hépatique alors que celles de l’autre groupe conservaient une glycémie et une insulinosensibilité normales.
De plus, les chercheurs ont constaté, chez les souris receveuses malades, une diminution des taux de micro-organismes intestinaux, en particulier de l’espèce Lachnospiraceae. La greffe de microbiote aurait pour objectif de restaurer la fonctionnalité digestive et de rétablir la flore intestinale.
1. Gut, avril 2012
2- Communication présentée à l’International Liver Congress 2012.
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