Dans l'arrêté du 28 mars 2022 listant les affections médicales incompatibles avec la conduite automobile, la maladie de Parkinson est explicitement citée (elle ne l'était pas dans le précédent de 2005), sans qu'il soit fait mention d'inaptitude définitive comme dans la maladie d'Alzheimer. Dès le diagnostic posé, les patients n'ont normalement plus le droit de conduire jusqu'à avis spécialisé. « Mais il y a encore une petite marge de manœuvre avec le médecin agréé », explique le Pr Philippe Damier, neurologue à Nantes.
Il est nécessaire de sensibiliser et d'informer dès le diagnostic sur l'évolution et les démarches à suivre, insiste le spécialiste, rappelant que trois quarts des patients conduisent. De multiples fonctions sont altérées au-delà de la seule motricité automatique, alors que le traitement ne règle pas tout et peut lui-même entraîner des fluctuations d'intensité et des effets indésirables.
Dans les premières années de la maladie, la conduite est possible, si besoin sous conditions « selon le temps qu'il fait et/ou avec une voiture automatique », explique le Pr Damier. Au début, les patients en situation de test font quelques erreurs de stratégie, de trajectoire (ligne blanche), présentent des difficultés attentionnelles, mais « au-delà du seuil de deux ans d'évolution, il y a une nette aggravation des erreurs de conduite », alerte le Pr Damier.
Somnolence et impulsivité
Le traitement symptomatique par L-dopamine et agonistes dopaminergiques pose le problème des fluctuations d'efficacité. « Les patients marchent moins avec un temps de réaction augmenté et présentent des états de surstimulation dopaminergique avec dyskinésies, excitation psychique et une moindre attention, décrit-il. Au début, les conditions de sécurité peuvent être correctes si la réponse au traitement est globalement bonne, mais avec des sous-corrections à anticiper le matin et en début d'après-midi. »
Autre point de vigilance : les effets indésirables des traitements.« Il s'agit de la somnolence, indique le spécialiste. Surtout avec les agonistes dopaminergiques qui peuvent entraîner des attaques de narcolepsie. Ces médicaments peuvent aussi être à l'origine d'une impulsivité comportementale, par exemple conduire très vite. » À cela s'ajoute un troisième élément : le processus dégénératif à l'origine d'un phénotype frontal dysexécutif, apathique et/ou synucléinopathique diffus.
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