L'essai clinique préliminaire évaluant le vaccin en spray nasal contre le Covid développé par l'université d'Oxford en collaboration avec le laboratoire britannique AstraZeneca a échoué, selon des données publiées dans « eBioMedicine », une revue du « Lancet ».
Ce vaccin utilise le même vecteur adénovirus ChAdOx1 nCoV-19 que celui utilisé dans le vaccin injectable antiCovid, déjà mis au point par Oxford et AstraZeneca. Il s'agit de la première étude sur un vaccin intranasal utilisant un tel vecteur adénoviral.
Le but recherché était de provoquer une réponse immunitaire forte et durable au niveau de l'épithélium bronchique, afin d'y stopper net toute tentative ultérieure d'infection par le Sars-CoV-2. Une telle réaction s'appuie sur la sécrétion d'IgA spécifiques à la protéine Spike et la présence de plasmoblastes et de lymphocytes T exposés à la protéine virale résidant dans les muqueuses respiratoires.
Différents dosages expérimentés
L'essai en question était une étude monocentrique de phase 1 menée sur 30 patients non vaccinés, dont 6 ont reçu une dose de 5 x 109 particules virales, 12 ont reçu 2 x 1010 particules virales, et 12 ont reçu 5 x 1010 particules virales. Par la suite, 14 patients ont bénéficié d'une deuxième dose de vaccin intranasal, 28 jours plus tard, et 12 ont reçu une injection de vaccin à ARNm en guise de deuxième dose.
Les chercheurs s'attendaient à détecter des anticorps IgA et IgG dirigés contre la protéine Spike du Sars-CoV-2 au niveau de la muqueuse et dans le sang des volontaires. Malheureusement, ils ont constaté que ces immunoglobulines étaient considérablement plus faibles que ce qui est normalement observé après une infection par le Sars-CoV-2.
Quel que soit le dosage employé, l'immunogénicité associée à la prise du vaccin en spray n'était jamais considérée comme suffisante pour suggérer qu'elle puisse procurer une protection contre l'infection par le Sars-CoV-2. Les immunoglobulines n'étaient détectables que chez 4 des 14 patients qui ont reçu une seconde dose de vaccin intranasal.
Inefficace en dose de rappel
Afin d'évaluer le potentiel de leur vaccin intranasal en tant que booster, les chercheurs ont également recruté 12 volontaires qui avaient déjà été vaccinés 113 jours en moyenne avant leur inclusion dans l'étude, soit avec deux doses du vaccin injectable d'AstraZeneca (six volontaires), soit avec deux doses de Comirnaty, le vaccin à ARNm de Pfizer (six volontaires). Tous ont reçu une dose intranasale de 5 x 1010 particules virales.
Après leur dose de rappel, les taux d'immunoglobuline dirigés contre la Spike n'étaient pas significativement différents chez ces patients par rapport à ceux des personnes qui n'ont jamais été vaccinées, à l'exception de trois personnes qui avaient des taux déjà élevés avant la dose de rappel.
En ce qui concerne les données de sécurité, des réactions immunitaires spécifiques de faible importance à l'antigène étaient détectables chez une minorité de patients. Les réponses systémiques à la vaccination étaient en général plus faibles que celles documentées après un vaccin intramusculaire.
Plus de 20 candidats vaccins en lice
Il existe 12 candidats vaccins en spray dont un candidat français, ainsi que 10 autres vaccins nébulisables. Pour ces derniers (à distinguer des vaccins intranasaux qui utilisent un spray et non pas un nébulisateur), les données disponibles font état de réactions immunitaires systémiques, mais pas d'une réponse immunitaire au niveau de la muqueuse, ce qui est l'effet recherché pour éviter la transmission du virus.
« Nous avons besoin d'un vaccin non injectable capable de produire une réponse immunitaire au niveau de la muqueuse », rappellent les auteurs. Une optimisation du vaccin d'AstraZeneca « ou d'un des autres candidats reste une des clés pour bloquer la transmission », concluent-ils de manière optimiste.
Interrogé par l'AFP, Sandy Douglas de l'université d'Oxford, dernier auteur de l'étude, a souligné qu'une étude en Chine a obtenu de bons résultats avec un vaporisateur plus complexe qui envoie le vaccin plus profondément dans les poumons. Il estime donc possible qu'une grande partie du vaccin testé par l'université britannique soit tombée dans les voies digestives avec le spray nasal plus sommaire utilisé.
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