LES FIÈVRES hémorragiques à virus Ebola (EBOV) et Marburg (MARV) ont un sinistre palmarès, celui d’une mortalité atteignant 80 %. Or aucune immunothérapie n’a jamais réussi à faire ses preuves dans la prévention de ces maladies, qu’il s’agisse des immunoglobulines de cheval (essai OMS*, 1996) ou des anticorps monoclonaux humains comme le KZ52 (Oswald et coll., 2007).
Les chercheurs de l’US Army Medical Research Institute for Infectious Diseases ont adopté une autre stratégie : la sélection d’anticorps polyclonaux spécifiques d’espèce, obtenus à partir du sérum de macaques rhésus vaccinés et ayant survécu à une dose léthale de filovirus.
Cinq singes immunologiquement naïfs ont subi un challenge par 1 000 unités pfu de MARV. Trois étaient traités par des IgG spécifiques administrées dans les quinze à trente minutes suivant le challenge, puis à nouveau quatre à huit jours après. La protection exemplaire (100 %) obtenue chez ces trois singes est corroborée par l’observation d’une élévation des IgG, mais aussi (quatre à six jours après l’exposition) des IgM spécifiques.
Une seconde expérimentation confirme l’efficacité de l’immunothérapie polyclonale lorsque celle-ci est retardée jusqu’à 48 heures après l’exposition. Là encore, des titres élevés d’IgM MARV-spécifiques sont enregistrés chez les animaux traités.
Dans la troisième étude, une nouvelle IgG polyclonale, obtenue à partir de sérums de singes vaccinés par les deux virus EBOV et MARV, a été administrée 48 heures après un challenge EBOV (1 000 unités pfu), l’injection étant renouvelée, comme précédemment, à J4 à J8. Les trois macaques traités (sur quatre) ont survécu au challenge, l’un avec une simple thrombocytopénie, les deux autres avec des manifestations cliniques légères ou modérées (fièvre, thrombocytopénie, lymphopénie).
100 % contre Marburg.
Il est donc possible de protéger des primates non humains contre les virus Ebola et Marburg par l’administration retardée d’anticorps, à condition que ceux-ci soient spécifiques d’espèce et polyclonaux. La hauteur de la protection contre MARV (100 %) est remarquable. Celle contre Ebola évite le décès même si elle n’empêche pas l’apparition de certains symptômes. La démonstration (dans les trois études) de la nature endogène des anticorps sécrétés après l’immunothérapie est un autre argument en faveur du développement de traitements prophylactiques des maladies à filovirus par les anticorps polyclonaux humains (ou par une combinaison d’anticorps monoclonaux) spécifiques.
W. D. Pratt et coll. Postexposure antibody prophylaxis protects nonhuman primates from filovirus disease. Proc Natl Acad Sci USA (2012) Publié en ligne.
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