Au 23 mars 2023, 2 525 patients avaient été inclus dans l’expérimentation cannabis médical, le plus souvent pour des douleurs neuropathiques réfractaires, moins fréquemment pour une spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou d’autres affections neurologiques, une situation palliative, une épilepsie pharmacorésistante, des symptômes rebelles en rapport avec un cancer. Près de 500 médecins des structures de référence et plus de 660 pharmaciens d’officine se sont formés à l’e-learning de l’ANSM, ce qui était requis pour suivre des malades. « Mais, le programme n’a mobilisé les généralistes que pour seulement 10 % des patients », regrette Nathalie Richard, directrice de l’expérimentation cannabis médical à l’ANSM. Il est vrai que suivre le e-learning organisé par l’ANSM nécessitait de la motivation, plus de 80 % de bonnes réponses au quizz étant exigés pour recruter un patient.
Depuis le 28 mars 2023, l’expérimentation est poursuivie pour un an de plus, sous une forme un peu allégée. L’inscription à la e-formation de l’ANSM reste obligatoire, mais une attestation sur l’honneur de suivi remplacera le quizz. Ce qui pourrait convaincre davantage de médecins généralistes. Un groupe de travail a en tout cas été créé par l’ANSM avec dix médecins du Collège de médecine générale dans le but d’améliorer leur information.
Pour la troisième année d’expérimentation, un appel d’offres pour les médicaments a été lancé. Les trois ratios — THC dominant, CBD dominant, THC/CBD équilibré — seront conservés, mais le nombre de produits sera réduit.
Un profil de sécurité attendu
« Le rapport d’évaluation des deux premières années d’expérimentation a montré que le circuit de prescription du cannabis médical était adapté et réalisable », ajoute Nathalie Richard. Les autres enseignements sont de montrer un profil de sécurité attendu, avec des effets secondaires rarement graves (6,5 % des signalements) dominés par les effets neurologiques (somnolence, etc.), digestifs, psychiatriques.
Une enquête menée auprès des patients a mis en évidence un taux élevé de satisfaction (8,2/10). 93 % de ceux ayant répondu (44 % de l’ensemble) sont favorables à une généralisation de l’expérimentation. « Les données recueillies fournissent des informations précieuses sur le phénotype des différentes douleurs neuropathiques (fonds permanent, douleurs paroxystiques, douleurs provoquées) et leur réponse au traitement, explique la Dr Géraldine de Montgazon, médecin de la douleur à La Rochelle. Un autre élément positif est la possibilité de faire des titrations, d’ajuster les dosages de THC et CBD pour chaque patient. » Dans son expérience, « le CBD seul n’est pas suffisant pour obtenir un effet analgésique, mais il améliore le sommeil et la tolérance du THC. Les douleurs paroxystiques semblent être le plus améliorées chez les patients souffrant de douleurs neuropathiques. » La réponse est très variable d’un patient à l’autre, signale aussi la Dr de Montgazon : « forte pour de petites doses de THC, ou inexistante. » La majorité des malades semblent utiliser davantage les huiles de cannabis que les vaporisations. Pour les patients, notamment ceux vivant en milieu rural, un des inconvénients majeurs de l’expérimentation est d’interdire la conduite automobile (ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays utilisateurs de cannabis médical).
Les patients attendent les généralistes
Mado Gilanton, présidente de l’Association de patients « Apaiser » et atteinte de syringomyélie a souligné que « le rôle des médecins généralistes est important. Il faut qu’ils prennent le relais, car les centres anti-douleur et les centres SEP ont peu de place. Le cannabis médical n’est pas un miracle, mais il a changé la vie de certains patients réfractaires à tout traitement. Et le jour où le cannabis médial entrera dans le droit commun, vous serez prêts. »
Exergue : « le CBD seul n’est pas suffisant »
Session « Prescrire du cannabis médical, ça vous tente ? »
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