AVEC 300 MILLIONS de personnes concernées dans le monde, l’asthme est la plus fréquente des affections inflammatoires chroniques des voies respiratoires. La maladie est très hétérogène dans sa prévalence selon les pays, son histoire naturelle, son expression clinique, ses facteurs déclenchants, sa réponse au traitement, tant chez l’adulte que chez l’enfant. Une hétérogénéité qui complique sa prise en charge et explique en grande partie qu’en dépit de progrès significatifs dans la compréhension de la physiopathologie et le traitement, la morbidité de l’asthme reste inchangée.
L’exposition précoce aux allergènes majore-t-elle le risque ?
Les relations bien établies entre allergie et asthme ont conduit à penser qu’une éviction précoce des allergènes pourrait réduire l’incidence de la maladie. Les nombreuses études menées dans ce domaine ont porté essentiellement sur les acariens de poussière de maison et les allergènes alimentaires. Aucune d’entre elles n’a permis de montrer que la suppression de ces allergènes avait un effet sur le développement de l’asthme. Ce qui n’a pas empêché qu’une réduction de l’exposition aux allergènes soit préconisée dans de nombreuses recommandations sur l’asthme. Or, le niveau de celle-ci pouvant influer sur l’équilibre entre sensibilisation et tolérance, certaines mesures dans ce domaine peuvent conduire à augmenter la sensibilisation plutôt qu’à la réduire. Les données sont donc insuffisantes aujourd’hui pour conseiller une éviction des allergènes dans un objectif de prévention de l’asthme.
Les infections virales précoces favorisent-elles l’apparition d’un asthme ?
Plusieurs études longitudinales ont montré que les enfants qui contractent une infection virale respiratoire avec wheezing dans les premiers mois de vie ont un risque majoré de développer un asthme à l’âge scolaire. L’étude menée à Madison auprès de 259 enfants suivis pendant les six premières années de vie indique qu’une bronchiolite à rhinovirus, VRS ou les deux au cours des trois premières années de vie augmente le risque d’asthme à l’âge de 6 ans (1). À l’âge de trois ans, un wheezing en rapport avec une infection à rhinovirus est plus fortement corrélé avec un risque d’asthme à 6 ans qu’une sensibilisation aux allergènes. Ainsi, près de 90 % des enfants qui, à trois ans, présentent une bronchiolite à rhinovirus auront un asthme à 6 ans. Reste désormais à déterminer si ce sont les modifications de la réponse immunitaire sous l’effet d’infections respiratoires à répétition qui conduisent au développement d’un asthme ou bien si la réponse immunitaire qui aboutit à un wheezing lors d’une infection virale est la même que celle qui conduit ultérieurement à un asthme.
Existe-t-il une prédisposition génétique à l’asthme chez l’enfant ?
Les nombreuses études sur cette question n’ont pas apporté de réponse. Plus de cent gènes associés à différents phénotypes atopiques ou asthmatiques ont été identifiés sans, toutefois, qu’aucun d’entre eux ne soit retrouvé de façon constante. La cause n’en est pas clairement déterminée mais elle tient probablement à l’influence très forte de facteurs environnementaux. L’impact de ces facteurs sur les relations entre génotype et phénotype apparaît bien dans des travaux de plus en plus nombreux, montrant que, selon l’environnement, l’allèle à risque d’un gène peut devenir un allèle protecteur. Cette influence de l’environnement a été parfaitement montrée pour plusieurs gènes dans des études portant sur des populations finlandaise et russe originaires de Carélie, et donc de même groupe ethnique, dont le profil génétique associé à l’asthme et à l’allergie s’est révélé différent (2).
D’après la communication du Dr Peter le Souef (Perth, Australie).
(1) Jackson DJ et coll. Am J Respir Crit Care Med 2008;178:667-72.
(2) Zhang G et coll. Allergy 2009;64:1333-41.
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