La prévalence de la schizophrénie à début précoce serait d’environ 1 % dans la population générale. Selon les études, 0,6 % des sujets auraient plus de 45 ans et de 0,1 à 0,5 % plus de 65 ans. Leur espérance de vie serait réduite d’environ 20 %. Différents signes d’un vieillissement prématuré ont été observés chez eux : augmentation précoce de la pression du pouls, augmentation de l’intolérance au glucose, vieillissement accéléré de la matière grise et blanche, etc.
Une étude de cohorte danoise sur plus de 20 000 patients schizophrènes suivis pendant 18 ans en moyenne, a confirmé que la schizophrénie était associée à un risque deux fois plus élevé de démences, toutes causes confondues. « Toutefois, l’évolution des patients est très hétérogène. Il est impossible de prédire leur devenir à long terme. Les hommes ayant une schizophrénie à début très précoce semblent cependant plus à risque de démence », a expliqué le Pr Armin von Gunten (Lausanne, Suisse).
Qu’en est-il de la schizophrénie à début tardif, qui touche plutôt les femmes ? Le Pr Armin von Gunten émet l’hypothèse qu’elle peut être considérée comme une forme de schizophrénie à début précoce à histoire de vie lente. « La théorie de l’histoire de vie de la schizophrénie peut aider à concevoir de nouvelles approches », souligne-t-il.
Dépister les pathologies somatiques
La première cause de surmortalité des patients schizophrènes est le suicide, mais il existe aussi de nombreuses autres causes, pathologiques ou non. Dans la population âgée, la contribution relative de ces causes est mal connue. Le Dr Nicolas Hoertel (Issy-les-Moulineaux) a présenté les résultats préliminaires de l’étude CSA, portant sur 634 patients âgés de plus de 55 ans : 353 avec schizophrénie et 281 avec trouble bipolaire ou unipolaire.
Les données suggèrent une mortalité de la population âgée schizophrène deux fois supérieure à celle de la population âgée souffrant de trouble uni ou bipolaire. Elle serait expliquée par les pathologies cardiovasculaires, infectieuses et respiratoires et, dans une moindre mesure, par le suicide.
Les patients schizophrènes présentent aussi souvent un syndrome métabolique, comme l’a rappelé la Dr Sandra Abou Kassm (Liban) : mauvaise hygiène alimentaire, surcharge pondérale, effets iatrogènes de certains antipsychotiques…
De plus, ces patients sont dépistés et traités tardivement. L’étude Catie avait ainsi montré que 30 % des patients schizophrènes présentaient un diabète non traité et 62 % une HTA non prise en charge. L’étude récente menée par la Dr Sandra Abou Kassm sur la cohorte CSA confirme ces données : moins de 50 % des patients schizophrènes âgés sont dépistés pour un syndrome métabolique. Il convient donc de renforcer le dépistage systématique.
Communications de la session « Le vieillissement de la population schizophrène : nouvelle population, nouveaux défis »
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