L'évolution en marche dans le lupus

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Publié le 09/07/2021
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La prise en charge du lupus érythémateux systémique (ou disséminé) s’est considérablement améliorée. De nouvelles stratégies médicamenteuses sont à l’étude et de nouvelles avancées sont attendues grâce aux thérapies ciblées…
L'administration du bélimumab, après rituximab, s'annonce une stratégie intéressante

L'administration du bélimumab, après rituximab, s'annonce une stratégie intéressante
Crédit photo : phanie

La déplétion des cellules B par le rituximab, un anticorps monoclonal anti-CD 20, s’est montrée efficace dans le traitement du lupus érythémateux systémique (LES) selon des études ouvertes, mais n’a pas confirmé son bénéfice dans deux essais contrôlés randomisés contre placebo. En plus de la déplétion des cellules B, le rituximab augmente les taux de cytokine BAFF (B-cell activating factor), ce qui a été associé à des poussées ultérieures de lupus.

Bélimumab après rituximab ?

C’est ainsi qu’une équipe anglaise a émis l’hypothèse que les taux élevés de BAFF après rituximab limitaient son efficacité et qu’un anticorps monoclonal anti-BAFF, le bélimumab, administré immédiatement après le rituximab, pourrait être une stratégie thérapeutique intéressante (1).

BEAT-LUPUS est un essai clinique de phase 2b randomisé, en double aveugle contre placebo, de 52 semaines, évaluant la sécurité et l’efficacité du bélimumab intraveineux après un traitement par rituximab dans le LES. La dose maximale de prednisolone autorisée pendant l’essai était de 20 mg par jour, avec une incitation à la réduire de 50 % par rapport à l’inclusion au bout de six mois. Le critère de jugement principal était le taux sérique d’Ac anti-ADN double brin (anti-dsDNA), mesuré par ELISA à 52 semaines. Les critères secondaires incluaient des mesures de l’activité de la maladie et l’incidence sur la survenue des évènements indésirables. Au total, 52 patients atteints d’une forme active de LES ont reçu du rituximab (deux perfusions à deux semaines d’intervalle) et ont ensuite été randomisés pour être traités par bélimumab (n = 26) ou un placebo (n = 26), quatre à huit semaines après la première dose de rituximab. Parmi eux, 32 patients ont terminé l’essai. Les résultats sont positifs pour le critère principal avec une réduction significative des taux d’Ac anti-dsDNA chez les patients traités par le bélimumab par rapport au placebo. Ces résultats encourageants restent à confirmer.  

L’anifrolumab dans le lupus érythémateux disséminé    

Une analyse post-hoc des données combinées des études cliniques de phase 3 TULIP a montré que l’anifrolumab (anticorps antirécepteur de l’interféron de type 1) améliorait l’éruption cutanée et l’arthrite, par rapport au placebo, chez des patients souffrant de lupus érythémateux disséminé modéré à sévère (2).

Concernant l’éruption cutanée, les différences au niveau des taux de réponse pour l’anifrolumab, versus placebo, à la semaine 52 étaient de 13,5 % pour le score SLEDAI (Systemic Lupus Erythematosus Disease Activity Index), de 15,5 % pour le score BILAG (British Isles Lupus Assessment Group Index) et de 15,6 % pour le score mCLASI (modified Cutaneous Lupus Erythematosus Disease Area and SEverity Index). Concernant l’arthrite, les différences au niveau des taux de réponse étaient de 8,2 % pour le score SLEDAI, de 11,8 % pour le score BILAG et de 12,6 % pour la réponse articulaire. Les évènements indésirables les plus fréquemment sous anifrolumab étaient des infections des voies respiratoires supérieures, des bronchites et des zonas. La demande d’AMM européenne est en cours.  

L’iberdomide dans les formes cutanées chroniques

L’iberdomide agit comme ligand de haute affinité de la protéine céréblon qui favorise la dégradation protéasomale d’Ikaros (IKZF1) et d’Aiolos (IKZF3), deux facteurs de transcription. Ces derniers sont impliqués dans le développement et l’homéostasie des cellules de l’immunité innée et adaptative, et sont liés au risque génétique de LES. Une étude de phase 2 a évalué l’efficacité et l’innocuité de l’iberdomide, versus placebo, sur les manifestations cutanées de patients atteints de LES modéré à sévère (3).   

L'essai a inclus 288 patients pour recevoir l’iberdomide (0,45/0,3/0,15 mg) ou un placebo, une fois par jour pendant 24 semaines tout en continuant le traitement de fond standard. Les réponses CLASI-50, correspondant à une amélioration de 50 % du score CLASI-A (Cutaneous Lupus Area and Severity Index Activity score), n’étaient pas significativement différentes par rapport au placebo. En revanche, une amélioration moyenne, numériquement plus importante des scores CLASI-A chez les patients ayant un CLASI-A initial ≥ 8, a été observée sous l’iberdomide 0,45 mg versus placebo à la semaine 4, avec une amélioration continue jusqu’à la semaine 24. L’iberdomide semble ainsi avoir une efficacité chez les patients atteints de lupus cutané chronique ou subaigu. 

(1) Shipa M et al. Abst OP 0129
(2) Merrill JT et al. Abst OP 0131
(3) Werth V et al. Abst OP 0132

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin