Un nombre croissant de thérapies ciblées est aujourd’hui disponible pour le traitement de la spondylarthrite axiale (axSpA). « Cependant, certains patients conservent une maladie active malgré plusieurs lignes de traitement. Cela a conduit à l'émergence du concept de SpA difficile à traiter (D2T-axSpA), inspiré d'un raisonnement similaire dans la polyarthrite rhumatoïde (D2T-RA), explique le Dr Olivier Fakih (CHU de Besançon). Ce concept est récent dans la spondylarthrite axiale et il n’y a pas de consensus. D’où cette recherche qui avait pour but de déterminer, pour la première fois, l'incidence cumulée de la D2T-axSpA en France et d'identifier les facteurs associés ».
Un patient sous DMARDs sur cinq concerné
L’étude a utilisé le Système national des données de santé (SNDS), qui comprend les données administratives, les affections de longue durée (ALD), les remboursements de médicaments et les hospitalisations pour 97 % de la population française. De manière similaire à la définition Eular de la D2T-RA, la D2T-SpA a été définie comme l'échec de trois traitements de fond synthétiques ou biologiques ciblés (b/tsDMARDs) ou de deux b/tsDMARDs avec des cibles différentes.
22 932 patients atteints de spondylarthrite axiale ont été inclus. Un peu moins de la moitié (10 798, 47,08 %) ont reçu au moins un b/tsDMARD pendant la période d'étude.
2 115 patients ont été classés comme D2T-axSpA, soit 19,59 % des patients ayant reçu au moins un b/tsDMARD. Pour limiter les biais de sélection, les comparaisons ont été limitées aux patients ayant reçu au moins un b/tsDMARD.
Plusieurs facteurs d’échec identifiés
Dans l'analyse univariée, le sexe féminin, l'atteinte périphérique, le psoriasis, le tabagisme, l'obésité, l'hypertension artérielle et la dépression étaient significativement plus fréquents dans le groupe D2T-axSpA. Ces résultats ont été confirmés par l'analyse multivariée. En réduisant l'analyse aux patients répondant à la définition D2T-axSpA en moins de deux ans (n = 1 826), les résultats étaient similaires.
« En pratique, ces résultats nous montrent qu’il faut, bien sûr, être vigilant au moment du diagnostic et, lorsque le traitement biologique est mis en place, il faudrait rechercher les facteurs associés (psoriasis, dépression, HTA…). En leur présence, on pourrait être un peu plus exigeant sur le suivi car le patient pourrait être à risque d’échec. Cependant, cela ne change rien pour le moment dans les modalités de prise en charge. Il faudrait aussi, à terme, avoir une définition standard de la spondylarthrite difficile à traiter ».
« Il s’agit d’une toute première étude sur ce sujet et d’autres projets sont en cours sur d’autres cohortes pour confirmer ces résultats. Une des limites de notre étude est que nous n’avons pas de données cliniques ou radiologiques », conclut le Dr Olivier Fakih. Ce travail est toutefois original car il est un des premiers à s’intéresser à ce nouveau concept de spondylarthrite difficile à traiter.
Entretien avec le Dr Olivier Fakih (Besançon)
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