Toute une session du congrès était consacrée au cannabis, dans laquelle le Pr Alain Dervaux, addictologue au CHU d’Amiens, a fait un point sur les actuels et futurs moyens de sevrage.
Le sevrage au cannabis est désormais inclus dans la classification DSM-5 de l’Américan Psychiatric Association. Ce syndrome est surtout caractérisé par des troubles du sommeil, une irritabilité, une humeur dysphorique, et un craving intense. Ces symptômes apparaissent généralement 24 heures après l’arrêt de la consommation, avec un pic vers J3 à J7. Ils disparaissent au bout de trois à quatre semaines.
Pour le Pr Alain Dervaux, « beaucoup de patients en demande de sevrage n’y parviennent pas du premier coup. Cela débute souvent par une baisse de la consommation. Le sevrage complet est pris en charge en ambulatoire, il peut nécessiter une hospitalisation en cas de comorbidité somatique ou psychiatrique sévère ».
Plus d’une centaine d’études en cours
Actuellement, il n’existe pas de médicament spécifique au syndrome du sevrage au cannabis. De premières études randomisées en double aveugle ont suggéré des effets intéressants de différentes molécules, comme la N-acétylcystéine (à forte dose pendant huit semaines), la gabapentine et le topiromate. Ces études ont été menées sur de petites cohortes de patients. Dans l’essai thérapeutique avec le topiramate, ce médicament était associé à des entretiens motivationnels.
D’après le site américain de Clinical Trials (qui recense l’ensemble des études en cours), plus d’une centaine d’études sont actuellement menées pour évaluer l’efficacité de différentes molécules dans l’aide au sevrage au cannabis.
Aujourd’hui, la prise en charge repose principalement sur la thérapie cognitivo-comportementale, et surtout par des entretiens motivationnels. Certains sites internet peuvent aussi apporter une certaine aide au sevrage. Mais tous ne sont pas recommandables. Le Pr Dervaux conseille stop-cannabis.ch et ses forums, modérés par un psychologue.
La prise en charge du sevrage au cannabis doit aussi bien sûr tenir compte des éventuelles comorbidités, en particulier psychiatriques. La dépendance tabagique est souvent associée : les substituts nicotiniques aident ainsi les patients qui généralement sous-estiment leur addiction au tabac.
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