En France, deux tiers des patients atteints de narcolepsie ne sont pas diagnostiqués et, pour ceux qui le sont, le délai moyen au diagnostic est de huit ans. Étant donné que cette pathologie débute souvent vers l'âge de 14-15 ans avec pour symptôme majeur une somnolence diurne (3 à 5 endormissements de 10-15 min chacun dans la journée, avec des nuits de sommeil de quantité normale), ces endormissements sont trop souvent mis à tort sur le dos de la privation de sommeil, de la croissance, etc. Pour faire la part des choses, « il faut demander à l'ado s'il s'agit de véritables endormissements, quotidiens, même si la nuit précédente a été bonne et contre lesquels il lui est impossible de lutter – auquel cas, il doit être orienté vers un centre du sommeil – ou s'il s'agit de coups de fatigue (sans endormissement) liés à des nuits trop courtes », plaide le Pr Yves Dauvilliers (Montpellier).
Le pitolisant autorisé chez l’enfant
Faire le diagnostic est d'autant plus important que l'actualité est triple dans ce domaine. Premier point, qui a fait l'objet d'une publication dans The Lancet Neurology, (Dauvilliers et al., 2023) : l'arrivée d'un nouveau traitement autorisé chez l'enfant dans la narcolepsie, ce qui est primordial puisque 80 % des narcolepsies débutent avant 16 ans. Il y avait bien jusqu'ici le Xyrem (oxybate de sodium pour les plus de 7 ans) mais, en 2023, le pitolisant (autorisé chez l'adulte) a obtenu son extension d'AMM dans la narcolepsie de l'enfant dès 6 ans en raison de sa bonne efficacité et de sa bonne tolérance. Le pitolisant est aussi efficace sur les cataplexies, symptôme caractérisé par une perte partielle du tonus musculaire au niveau de la nuque ou de la face, parfois des bras, des jambes, etc., de quelques secondes, en pleine conscience et déclenché par une forte émotion principalement positive comme le rire ou la surprise. Ce symptôme ne se rencontre que dans la narcolepsie et lorsqu'il est retrouvé, il en facilite le diagnostic.
La piste de l’orexine
La seconde nouveauté, qui reste encore du domaine de la recherche et qui a fait l'objet d'une publication dans The New England Journal of Medicine, (Dauvilliers et al. 2023), est la mise en évidence de l'efficacité d'un agoniste des récepteurs de l'orexine dans la narcolepsie, traitement donné par voie orale (étude de phase 2). La narcolepsie est causée par la déficience d'un neuropeptide appelé orexine ou hypocrétine, synthétisé par 80 000 neurones de la partie latérale de l'hypothalamus. Ces taux bas d'orexine peuvent être quantifiés à l'aide d'une ponction lombaire et permettent un diagnostic formel, biologique de narcolepsie de type 1.
Hypersomnie idiopathique : les bons résultats du Xyrem sans sel
Enfin, dans une maladie voisine, l'hypersomnie idiopathique, une autre maladie orpheline qui se traduit par une hypersomnie (avec des nuits de plus de 10 heures et des siestes de plus de 1 heure) et dont la cause est encore inconnue, le Xyrem sans sel – une forme particulière de l'oxybate – donne de bons résultats, avec là encore une publication dans The Lancet Neurology (Dauvilliers et al. 2022).
D’après un entretien avec le Pr Yves Dauvilliers, responsable du Centre de référence national Narcolepsie et hypersomnie idiopathique (Montpellier), et vice-président de la SFRMS
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