Complices de charlatanisme ? 

L'une des décisions a été publiée sur Twitter par le collectif. Les juges estiment qu'en cosignant la tribune du « Figaro », le praticien a méconnu les principes du code de déontologie selon lesquels tout médecin « doit s'abstenir, même en dehors de l'exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci ». Le code impose également aux praticiens d'entretenir des rapports de bonne confraternité, ce qui ne serait pas le cas.

« Les auteurs de la tribune n'accusent pas directement leurs confrères de charlatanisme, concède le jugement. Ils insinuent toutefois qu'ils pourraient s'en rendre complices et que certains confrères pourraient être mus par l'intérêt tiré de relations avec une industrie qualifiée de peu scrupuleuse. En raison du caractère agressif et méprisant de ces énonciations, (...) publiées dans un organe de presse destiné à un large public (...), le médecin a méconnu ces dispositions (de confraternité et de considération de la profession, NDLR) », indiquent les juges ordinaux.

L'avertissement entraîne trois ans d'inéligibilité à toute fonction ordinale. Les médecins condamnés doivent rembourser les frais de procédure exposés par le Syndicat des médecins homéopathes – soit 2 200 euros chacun. À aucun moment, en revanche, le jugement ne reconnaît l'efficacité ou le fondement scientifique de l'homéopathie. 

Derrière le jugement, la question de fond reste posée  

Mais le feuilleton a aussitôt rebondi. Dès le lendemain, le conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), qui ne s'était pas associé à la plainte du Syndicat des homéopathes, a annoncé qu'il faisait appel à titre conservatoire de cette décision, à la satisfaction du collectif « FakeMed ».

Le Dr Jean-Marie Faupin, président du conseil de l'Ordre des médecins de Champagne-Ardenne (qui ne siégeait pas au sein de la chambre disciplinaire), s'est exprimé dans la presse locale, dont « l'Est Éclair ». S'il se refuse à commenter la décision rendue en première instance, il reste dubitatif sur l'efficacité de l'homéopathie et l'opportunité de continuer à la rembourser.

« [L'homéopathie] c’est une technique de soin qu’il est difficile d’évaluer. Je crois que la question qui se pose derrière cette tribune est la suivante : faut-il continuer à rembourser ces produits dont l’efficacité n’est pas prouvée alors que des traitements classiques, lourds et coûteux, ont besoin d’être remboursés car ils sont efficaces ? », interroge le Dr Faupin.

Le SNMHF n'a pas encore réagi à cette décision disciplinaire, ni à l'appel formé par l'Ordre national.